Anna Abate, ex-contributrice italienne de notre défunt journal multilingue « The Communities of Indonesia » souhaite attirer l’attention des lecteurs de la Gazette sur le sort des enfants des rues à Bali.

Chers amis, combien de fois avez-vous été abordé dans la rue par un enfant qui demandait de l’argent ? Combien de fois vous êtes-vous demandé s’il était juste de leur donner de l’argent qui finalement encouragerait leur « carrière » de mendiants ? Combien de fois vous êtes-vous senti assailli d’un sentiment dérangeant ? Voilà venu le temps de mener une action ambitieuse qui portera ses fruits, donner aux enfants des rues de Bali une école où ils pourront apprendre à lire et à écrire, à compter et le plus important, à réaliser qu’il existe un autre moyen de gagner sa vie. Oui, ils le peuvent.
Ils peuvent, avec votre aide, briser le cercle vicieux qui les poussera à envoyer dans l’avenir leurs propres enfants mendier qui eux-mêmes enverront leurs enfants et ainsi de suite, les exposant tous à la même violence, génération après génération. Oui, vous le pouvez. Nous ne cherchons pas seulement à récolter des fonds, nous voulons aussi éveiller les consciences et dans la mesure du possible, inviter les gens à engager un peu de leur temps pour ce projet. Car, une fois l’école installée, nous allons avoir besoin de volontaires pour venir faire la lecture ou partager leurs talents et expériences afin d’encourager ces enfants à prendre leur vie en main.
Ce projet est emmené par l’association Yayasan Kasih Peduli Anak (http://ykpa.org) qui, depuis quelques mois, faisait classe sur la plage mais a dû fermer face à la volonté des autorités de ne plus voir d’enfants des rues sur la plage ! La solution envisagée a été de construire une école attenante à l’orphelinat que gère l’association YPKA dans Denpasar. Nous sommes dorénavant parrainés par Investir à Bali, Rudy Art, Tarita Furniture, Warisan et La Gazette de Bali.
Afin de garantir la transparence de ce projet, une nouvelle rubrique sur le site YKPA lui est dédiée : « ABC, une école pour les enfants des rues de Bali » avec une liste des donateurs et toutes les dernières nouvelles en ligne. Bientôt, nous aurons aussi un nouveau logo et si vous désirez lier votre site internet à ce projet, vous êtes plus que le bienvenu. Bali a tant apporté à chacun d’entre nous, il est temps de faire un geste en retour. Faites-vous un cadeau : offrez une école aux enfants des rues de Bali.
Anna, Coordinatrice volontaire du projet
« ABC, une école pour les enfants des rues de Bali »
Contact à anna_abate@hotmail.com

Paris-Bali, 3ème Aller

Ah ! Qu’il me fut difficile de quitter ma France, j’entends par là mes racines familiales, plus ancrées que jamais, ma chair, mon sang de près comme de loin, des parents aux arrière-cousins, ma terre : ma mère. Ah, qu’il me fut difficile de quitter les miens, ceux que j’avais choisis pour amis et même médecins, mes semblables, mes proches, mes complices, mes partenaires, mon équipe, mes doigts de la main. Moi qui croyais avoir fait le deuil de cette notion d’amitié, trop absolue dans mon cœur, donc trop immature, trop dépendante, bref à revoir au prochain chapitre. Je me suis retrouvée piégée par mes sentiments, qui eux n’avaient fait aucun deuil : ceux de partir sans les miens, moi, la constructive, la bâtisseuse, l’idéaliste, la rêveuse.
J’ai quitté mon Pays, ma richesse, mon berceau, celui qui me mit au monde, me fit grandir et devenir ce que je suis : une femme. J’ai quitté le goût, la chatouille du palais, le sucré et le salé, l’éblouissement des papilles, l’encensement des sens. J’ai quitté ma Culture, ses palais architecturaux, ses miroirs, ses peintures, ses flambeaux. J’ai quitté le raffinement du son, de la note, le détail du plaisir, les silences dans la musique, les crescendos et les decrescendos, j’ai nommé Monsieur Jazz, Madame Classique et M. Contemporain, tous réunis en une seule et même radio : FIP ! Le monde de l’innommable, le clone du Céleste. J’ai laissé derrière moi les festivals de jazz, de théâtre, les artisans de l’art, les chercheurs d’infini. J’ai quitté mon Histoire avec ses rois, ses ouvriers de la Beauté qui construisirent un royaume, et ses révolutionnaires. J’ai quitté Mon histoire et tous mes ancêtres que je ne connais pas. Je me demande en écrivant ce que je fais de mon temps alors que je ne connais pas même leurs noms ni leurs histoires, moi qui viens d’eux. Etrange anachronisme, qui fait peut-être nos malaises d’aujourd’hui ! J’ai quitté ma France et je réalise que j’ai moi aussi mon tatouage, moi qui résiste en-corps à cette mode uniformiste, à mon goût trop carcérale. Pas de cobras sur le bras, pas de chenille sur la cheville, pas de cachalot dans le dos. Non, juste un hexagone, gravé à la feuille d’or, en profondeur dans le cœur. Une marque invisible mais indélébile. Je vous ai quittés, tous, toutes et tout, sans comprendre ce que je faisais, le pourquoi de mon déplacement, le bien-fondé de la chose.
Je vous ai quittés parce que j’avais un billet retour. Parce que j’avais un aller pour une île où j’ai encore à vivre, une île et puis sans doute une autre et encore une autre, peut-être à l’infini, dans d’autres pays ou continents. Un aller pour l’horizon. Expédition en cours : Bali. Destination prisée. Je n’ai jamais trop compris pourquoi à ce point là. Sans doute un engouement de mode, un ennui collectif qui tente, pour sortir de son état dépressif, de viser un point dans l’eau. Bali ! A-380 : Touché-coulé ! Et malgré mes lourds bagages qui m’attachent à chez moi comme un boulet enchainé à mon pied, voilà cette île qui me tend déjà les bras ! Ses odeurs, sa chaleur, ses Balinais en pagaille aussi souriants qu’insouciants, son mode de vie décalé face aux tentacules consommatrices et psychotiques de la société moderne, sa montre arrêtée... Je n’ai jamais autant ressenti l’exotisme de ces lieux et la différence profonde qu’il pouvait exister entre la France et ici ! Bali reste encore une indicible poésie, un incontournable charme et ne demande qu’à être aimée. Elle est là, attend, nous regarde. L’aime qui peut, à qui saura en saisir les instants, se mettre à son rythme, faire confiance à la vie qui s’écoule et s’y coule.
Bali ? Un apprentissage, un chemin, une avancée, une douceur pour celui qui lui ouvre son cœur. Des défauts, oui bien sûr, elle en a, comme vous et moi; mais son fond est bon. Il faut juste apprendre à la diriger, comme un cheval, la dompter sans la cabrer, juste ce qu’il faut, puis la laisser nous guider. Bali, fille d’un soir, qui reste dans notre lit plus longtemps que prévu, bien après l’aube d’un surlendemain. Je ne la comprendrai jamais totalement. Et c’est ce charme là du mystère, de l’insondable, de l’étranger et de l’étrangeté qui en fait ses attraits, au point que je ne souhaite même pas les percer. J’aime garder cette distance entre elle et moi, conserver ce qui fait l’intérêt de la rencontre : l’inconnu. Bali insaisissable et mouvante Dame, tellement vivante et surprenante. On s’apprête à l’aimer et elle nous damne. On la châtie, elle nous conquiert pour l’éternité. Bali, un chemin de vie.
Nathalie

motard dans la cendre

motard dans la cendre
merapi novembre 2010

face sud du merapi

face sud du merapi
paysage de désolation après le passage des lahar