Et puis, bien sûr, encore une fois la rédaction de la Gazette qui interpelle Pierre Monégier et France 2 sur le bien-fondé d’un tel reportage. A la suite des remarques publiées dans cette page Forum le mois dernier, Pierre Monégier nous a demandé de publier un droit de réponse, mais nous l’attendons encore…

Pierre,

Nous acceptons bien volontiers de publier un droit de réponse du service juridique de France 2, merci de nous le faire parvenir avant le 20 février. J’espère qu’il répondra avec précision et bonne foi à toutes les interrogations soulevées par ton reportage, entre autres :
Pourquoi ce sujet hors actu a-t-il été diffusé dans un journal d’actualités ?
Pourquoi avoir choisi Bali pour parler de pollution plutôt que n’importe quelle autre île de l’hémisphère sud, n’importe quelle autre ville d’Asie du Sud ?
Pourquoi l’amalgame a-t-il été fait entre croissance du tourisme et pollution par les sacs plastiques ?
Pourquoi avoir choisi d’intituler ce reportage « Bali, l’île poubelles » ?

Je voudrais te rappeler une fois de plus que tu m’as sollicité à titre gracieux et à plusieurs reprises pendant de nombreux mois pour préparer un sujet à Bali sur les entrepreneurs français, que jamais il n’a été question de ce sujet sur la pollution, j’ai donc estimé ma confiance trahie.

Si tu m’avais demandé des infos sur ce sujet de la pollution par les plastiques et des pistes pour prendre des images frappantes et sensationnelles, je t’aurais sans doute conseillé de quitter le « camp retranché des expats » pour aller à Serangan, la grande décharge de Bali qui s’étend sur des hectares et sur laquelle vivent de nombreuses familles de chiffonniers, ça se trouve à 20 mn de l’endroit où tu as enregistré ton plateau sur la plage. Je t’aurais aussi sans doute conseillé d’aller interviewer le gouverneur ou le bupati de Badung pour leur demander pourquoi il n’y a toujours pas d’incinérateur à Bali. Si tu m’avais demandé en quoi le tourisme a un impact négatif sur Bali, je t’aurais répondu sans hésiter la circulation, la ressource en eau (non-traitement des eaux usées, captages nécessaires, pollution de la nappe phréatique, surconsommation liée aux hôtels et aux piscines), le développement immobilier déjà désastreux...

Dans un autre registre plus positif, si tu m’avais demandé qui œuvre à Bali pour réduire la pollution, et les initiatives sont innombrables, je t’aurais mis en rapport avec Yuyun de WWF qui a monté une énorme opération en juin dernier de sensibilisation à la biodiversité marine, avec Charlotte Fredouille de Peduli Alam qui tend des filets à travers les rivières, avec les gamins de la Bali Eco Patrol qui tournent en ce moment des clips pour sensibiliser les enfants des écoles à la réduction des plastiques utilisés pour le lunch et les snacks.
Jamais personne ne niera qu’il y a des problèmes de pollution par les plastiques à Bali, nous y sommes confrontés tous les jours et ça nous chavire le cœur. Nous savons aussi qu’il y a moins de plastiques à Bali que dans toutes les autres villes d’Indonésie, ça ne change rien à l’image désastreuse que les plages de Bali offrent aux touristes mais c’est une réalité d’un pays qui s’enrichit et dont les habitants n’ont pas conscience de la nuisance que ça crée pour l’environnement. Il y a encore quelques décennies, ils n’avaient pour emballage que des feuilles de bananier biodégradables. Tu sais très bien tout ça parce que tu vis en Inde et que ce pays ne gère pas non plus les déchets comme le fait la Suède !

« Bali, l’île poubelles », c’est un titre qui nous a tous choqués et qui a des répercussions désastreuses sur l’image de Bali, non pas parce qu’il montrait des plastiques mais parce qu’il énonçait une contre-vérité en faisant l’amalgame entre plastiques et tourisme. Si tu avais pris le temps de rencontrer des spécialistes du sujet, tout le monde t’aurait dit que tu faisais fausse route. A présent, tu te réfugies derrière le service juridique de ton employeur et ta propre avocate, tu parles de diffamation mais pour ma part, je trouve bien étrange que tu puisses en toute impunité réaliser un sujet aussi agressif et caricatural et que tu ne supportes pas qu’on le critique. Nous nous nous estimons bafoués par ton reportage, nous francophones balinophiles et aussi tous nos amis balinais et indonésiens. A bon entendeur,

Socrate Georgiades

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merapi novembre 2010

face sud du merapi

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