DROIT DE REPONSE

Pollution à Bali, reportage de France 2

Le lecteur de « La Gazette de Bali » aura peut-être aperçu dans l’édition papier de février 2013 et encore aujourd’hui sur le site lagazettedebali.info un échange entre le rédacteur en chef du magazine Socrate Georgiades et moi-même Pierre Monégier, correspondant de France 2 en Asie du sud basé à New Delhi (Inde). L’objet de cet échange était le reportage que j’ai réalisé avec mon équipe sur la pollution à Bali, diffusé dans le journal télévisé de 20h de France 2 le 9 janvier 2013.

Le caractère de cet échange était privé - envoi d’emails - et à aucun moment le rédacteur en chef de « La Gazette de Bali » ne m’a fait part de son intention de le rendre public, ni avant ni après publication. Ce n’est qu’alerté par une lectrice téléspectatrice que j’ai découvert que cet échange avait été publié, accompagné de ma photo tirée d’une capture d’écran de notre reportage - le tout sans avertissement, sans demande d’autorisation et sans invitation à un débat public.

Ce faisant « La Gazette de Bali » a enfreint la législation concernant le droit à la vie privée (publication d’un email personnel), le droit à l’image (publication d’une photo d’un individu), et le droit de propriété intellectuelle (publication d’une image tirée d’un reportage appartenant à France 2). « La Gazette de Bali » a également commis un acte de diffamation en permettant à deux individus (M. Georgiadès et un certain M. Mans, dans deux tribunes distinctes) de mettre en cause publiquement mon éthique journalistique sans m’inviter à me défendre.

Je n’ai pas l’habitude de me dérober aux attaques, fussent-elle menées à deux contre un et sur des bases tronquées - encore faut-il que ses instigateurs aient la décence (ou le courage) de me prévenir. En tant que journaliste j’accepte le débat et les critiques et répond systématiquement aux demandes, remarques et attaques - pour peu qu’elles soient argumentées. Je n’ai jamais eu la prétention de livrer un reportage parfait et suis toujours désireux d’entendre ce que les téléspectateurs ont à en dire.

En revanche je refuse l’anathème. Pour cette raison, je ne me donnerai pas la peine de répondre aux propos outranciers de M. Mans - les insultes dénotent à mon sens une faillite de la raison et salissent davantage celui qui les emploie, à court d’arguments, que celui qui en est la cible. M. Georgiadès en revanche, malgré les procédés injustifiables décrits plus hauts, aborde des points intéressants que partagent peut-être certains lecteurs de « La Gazette de Bali » - et c’est à eux que je veux répondre.

Bali est confrontée à un sérieux problème de pollution. C’est un fait. Faute de le reconnaître, inutile de poursuivre la lecture : les images n’ont pas été retouchées, les réactions de touristes choqués n’ont pas été mises en scène, le montage n’a pas été excessif - au contraire : des photos plus « trash » encore ont été coupées au montage. Faut-il en parler ? Du point de vue d’un professionnel vivant de près ou de loin du tourisme, c’est néfaste. Du point de vue d’un simple téléspectateur vivant à Bali, c’est inutile. Du point de vue d’un téléspectateur neutre, c’est nécessaire - or c’est ce point de vue (neutre) que doit avoir à l’esprit le journaliste.

Le lecteur de « La Gazette de Bali » vit sur place et connaît donc le problème. Le reste de la planète ne connaît Bali qu’au travers des dépliants publicitaires vantant ses plages paradisiaques à force de photos retouchées. La réalité est différente. C’est notre rôle de le rappeler. Ayant tourné des reportages similaires dans d’autres lieux connaissant les mêmes problèmes (notamment les îles Andaman), je sais que ce sujet est par ailleurs souvent une pomme de discorde... entre les locaux et les personnes arrivées plus récemment.

Qui est responsable ? Dans notre reportage nous prenons garde de souligner « les effets néfastes du tourisme et du développement ». Que certains entendent « touristes » là où nous disons « tourisme », ou « développeurs » là où nous disons « développement », ce n’est pas de notre ressort. Nous donnons la parole à des touristes et des personnes installées à Bali qui critiquent eux-mêmes cette situation, ainsi qu’à un Australien qui tente de remédier au problème. Certains accuseront les autorités, d’autres les hôtels, d’autres les touristes, d’autres encore les locaux.

Cette querelle ne concerne pas notre reportage, qui ne fait que pointer le problème. Pour avancer dans le débat je reste disponible sur Twitter pour échanger avec ceux qui le souhaiteront, dans le calme et le respect des arguments de chacun.

Pierre Monégier

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