Le mois dernier, nous nous étions livrés à une critique de la description du contexte balinais du dernier roman de l’écrivain français Denis Parent intitulé « Grand chasseur blanc ». Nous lui avions transmis nos articles, il nous fait la gentillesse de nous répondre…


Merci pour ces articles. Que dire ? Qu’il y ait des erreurs factuelles, je m’en excuse auprès des intéressés. On peut toujours corriger un livre via une réédition. Qu’il y ait un exotisme sombre, certes, c’est même le propos littéraire du livre qui est écrit du point de vue d’un exilé, d’un Occidental donc. Et sans doute d’un touriste de l’âme. Le discours est sur la sensation d’être étranger en soi et dans le monde. Alors que l’action ait pu se passer en Thaïlande ou en Birmanie, je le concède volontiers. Il se trouve que j’ai résidé à plusieurs reprises à Bali pour des raisons personnelles et que plutôt que d’en faire un livre de voyage (et Le guide du routard ou n’importe quel blog sera sans doute mieux autorisé), j’en ai fait un roman, ce qui est mon boulot d’écrivain. Vous y vivez, inévitablement votre regard est « balinaisé ». Je ne me suis pas beaucoup penché sur les Balinais pour la simple raison que le livre était sur des Occidentaux à Bali. Que je me trompe de singe et inévitablement le zoologue me tombe dessus. Mais qu’importe le singe pourvu qu’on ait l’ivresse un peu dérisoire du lieu. Il me semble que j’ai montré du respect et de l’amour pour ce pays que je connais mal pour ne pas y résider, mais qui m’a touché dans ce qui constitue ma problématique d’écrivain. Après ça, ce qui m’importe, c’est que le lecteur fasse un voyage littéraire. Pas un voyage touristique. Pas un voyage identitaire. Si ces êtres existent dans mon Bali et que des lecteurs se promènent dans ce Bali-là, alors cela suffira pour mon bonheur d’auteur. Embrassez l’île pour moi. Et qu’elle me pardonne mon impudence. J’y ai trouvé du bonheur. Amicalement.


Denis Parent
Un élément intéressant à rajouter à l’article de Ron Lilley du mois dernier sur les singes de Bali « L’armée d’Hanuman, une bande de pillards en maraude ». Selon les observations de ce lecteur, les macaques ont compris les subtilités du troc…



Il faut aussi savoir que pour récupérer une paire de lunettes volée par un singe (à Uluwatu, je l’ai vu, ça doit être pareil ailleurs...) les gardiens du temple font un troc avec lui. Vous payez le prix d’un paquet de cacahuètes plus un pourboire au gardien et il fait l’échange avec le singe. Le gardien ne lâche les cacahuètes que quand le singe a posé les lunettes par terre, le truc est visiblement bien rodé. Ceci explique que les singes volent des choses pas du tout comestibles ni intéressantes pour eux, car ils ont compris que c’était une monnaie d’échange.

Manu
Nous avions publié un premier courrier d’Anne en mars dans lequel elle s’inquiétait des agressions de plus en plus nombreuses dont sont victimes les femmes (surtout occidentales) à Bali, mettant ainsi en lumière une insécurité grandissante et préoccupante. En avril, Gérard, sous le titre « On a le Bali qu’on mérite » avait réagi au courrier d’Anne d’une façon qu’on qualifiera de « bien française » en fustigeant l’attitude des Occidentaux à Bali. Cette façon de se voir à la source de tous les maux, qu’Alain Finkielkraut décrit très bien sous le terme de « narcissisme pénitentiel », et qui consiste à se désigner en coupable quand on est la victime. Ce mois-ci, Anne lui répond…


Bonjour, désolée pour le retard de ma réponse, le boulot a pris une grosse part de mon temps. La réponse de Gérard est plutôt décalée en fin de compte. Si le Bali que je mérite est des tentations de vols à répétition, je dois avoir un karma bien mal en point… Je tiens à préciser que je ne vis pas dans la zone de Kuta-Seminyak, mais à Sanur et dans la partie village de Sanur. Mes voisins sont majoritairement indonésiens. Je vis dans une rue passante et non au fond d’un gang. De surcroit, je vis plutôt normalement et sans ostentation : pas de chauffeur privé (pas de voiture d’ailleurs), pas de piscine, je ne me balade pas dévêtue. Je parle indonésien et respecte mes voisins et commerçants alentours. Mon conjoint est indonésien. Je peux dire que je suis plutôt bien intégrée et respectée dans le quartier.


Petit aparté, avez vous déjà vu les maisons des riches Balinais ? Car les Balinais ne sont pas tous de pauvres hères sans le sous, peut être le savez-vous. Baladez-vous à Sanur ou Denpasar et vous verrez comme les maisons sont très m’as-tu-vu. Ca n’est pas le privilège des expats.

C’est drôle que tout ceci ai été pris pour un débat « bule riches et irrespectueux » vs « pauvres Balinais qui tentent de garder le sourire ».

Le fond de mon message n’était pas là. Je n’écrivais pas en tant que Française installée à Bali, mais en tant que femme se sentant en insécurité. Comme je l’ai dit, parmi mes amis qui ont été victimes de vols à l’arraché, il y a aussi des Indonésiennes. 

Le but de mon message était de dire que Bali n’est plus aussi sécurisé qu’avant et que ça n’est pas mal de le dire, au contraire, et que les autorités locales doivent réagir de façon efficace. Il n’est pas question de savoir si l’insécurité vient des immigrés javanais, comme les Balinais aiment à le dire ou de la mauvaise attitude des expats ; mais de dire qu’elle existe réellement et qu’il faut en tenir compte. Merci.

Anne Montion

Toujours sur ces questions relatives aux vols avec voie de fait sur des femmes seules, qui semblent de plus en plus nombreux, et à la dernière agression révoltante d’une figure ancienne de Bali, l’Italienne Valeria, qui s’est retrouvée depuis en réanimation à l’hôpital, ces réactions de membres de la communauté expatriée qui s’inquiètent et s’interrogent…


Chers amis,


Le problème va s’intensifier, les medias et organismes officiels peuvent s’en faire l’écho. Bali doit rester un endroit jouissant de sécurité, or récemment de plus nombreux crimes sont commis envers les ressortissants étrangers. Sans action nous, nos amis, nos enfants risquent plus d’attaques et peut-être bientôt des kidnappings. Faites passer l’info aux media et officiels qui pourraient faire parler du problème. Regards,

Fabrice Garrigues



Hi everybody. Just heard again about a really bad story that happened to Valeria, a friend leaving here for 30 years, mother of Marlon and married to Lucas. She got attacked on Kerobokan Street Friday night on her way home. She was on her bike, with helmet. They pushed her, grab the bag and beat her up on the head almost to death, on the side of the road with people passing by!!... Nobody helped, helmet was found aside. Her condition is extremely critical with 3 fractures on the skull... trepanation, blood all over inside... Please, pray for her. Not only Valeria but all the other ones... Almost every day now, with more cruelty, they always attack women foreigners on bikes. At day, at night, even if you have a locked box at the back of your bike, they push you, take the key, and open the box. 2 girls on a bike between Petitenget and Umalas, 6 pm, hit on the face with beer glass bottle... and so many other stories, over and over... Legian, Seminyak, Kerobokan, Umalas, Berawa, Canggu but also Ubud now... And I’m not talking about robbery in homes... Girls, no more visible bag on bike and no box... Those criminals are crazy! Police doesn’t move, solidarity doesn’t work much here, maybe a big buzz and a media scandal could make a difference? Or pressure on the touristic industry? Please, pass it on, even if you are not directly concerned. It could be your friends, kids. Protect yourself and the people... 

Lola



I feel the proper way to do it and get the word out there is first call up all the newspapers and journalists and let them know that there will be a protest in front of Bali chief of police office. Women, lots of women, Indonesian women, Bule women, all women carrying signs of protest, with an Indonesian woman shouting emotional protests in a megaphone. And if the chief of police doesn’t listen to them, then they go to the airport and greet the tourist as they arrive with the reality and the brutality that are happening on the streets of Bali, to all women Indonesian and foreign. The press will love it!

Michael



Salut Socrate, Je crois qu’il y a un article urgentissime à faire sur le sujet !!! Moi, je ne prends plus ma moto depuis longtemps entre autres à cause de ça. Amicalement,

Véronique

Quelques bénévoles se sont mobilisés afin de faire prendre conscience aux autorités balinaises de la montée des violences à Bali contre les étrangers et aussi contre les Indonésiens eux-mêmes.




Parce que les victimes vont trop rarement le signaler à la police ou à leurs consulats, les autorités n’ont pas pris en compte réellement l’ampleur du problème.

Un questionnaire a donc été mis au point pour relater les délits et violences, la perception du niveau d’insécurité et invite à des suggestions pour améliorer la sécurité à Bali. Demandez-le à keepbalisafe@gmail.com, faites-le aussi passer à vos connaissances et renvoyez-le rapidement à la même adresse. Il sera traité au courant du mois de mai et les résultats seront publiés dans la Gazette de Bali et d’autres journaux qui le souhaitent dès le mois de juin.

Par ailleurs, une pétition circule depuis quelques jours sur internet pour demander au gouverneur I Made Mangku Pastika de protéger les habitants de Bali, signez-la et faites passer le message. http://www.avaaz.org/en/petition/I_Made_Mangku_Pastika_provide_more_security_We_need_to_be_protected_by_authority/?kPDFrab

Une seule adresse désormais pour relater vos agressions, violences et cambriolages : keepbalisafe@gmail.com


motard dans la cendre

motard dans la cendre
merapi novembre 2010

face sud du merapi

face sud du merapi
paysage de désolation après le passage des lahar