Merci Ricky, ou ode à l’espoir

Sous le titre « Merci Ricky, ou ode à l’espoir », ce courrier de Lucy qui s’apparente à celui de René il y a quelques mois et qu’on résumera par : à Bali, il ne faut jamais désespérer…
 
Tous les jours, je me lève à 6h. Parfois à l’aide de mon réveil, parfois au seul bruit du battement de la queue de ma chienne en anticipation du moment le plus attendu de sa journée. Tous les jours, je l’amène à la plage, tous les jours, les yeux pas encore en face des trous, tous les jours, les mêmes gestes endormis. Quasi en pyjama, nu pieds, je n’apporte rien à part mon permis dans son enveloppe en plastique, la laisse et quelques biscuits sous la selle. Je me réveille (un peu…) petit à petit au cours de la balade, les rencontres canines, puis c’est le retour à la moto, seules ou accompagnées, distribution de biscuits et ayo-allez, hop on rentre. Ce matin-là, au retour sur le parking, ce sentiment qui nous relie à un reliquat d’instinct, un sixième sens. Un soupçon d’un « il y a truc qui ne tourne pas rond ». Mon « saddle » pourtant bien fermé à clé me parait bizarrement vide. Il manque mon permis. Comment c’est possible ? Tous les jours les mêmes gestes automatiques, le permis, les biscuits sous la selle. Je cherche partout par terre autour de la moto… Rien. Retour maison, je cherche, rien, retour plage, rien, retour maison. Vraiment rien.
Perplexe, incrédule et pour le coup bien réveillée ;  je poste sur une page Facebook spécial expats avérés. De la réponse à coté, souvent cynique, parfois amère : perdu ou pris sur le parking mon permis... Si quelqu’un le retrouve me contacter. S’ensuit très rapidement une pluie de remarques, commentaires, leçons, accusations, les unes plus négatives voire racistes que les autres... Je me sens déprimée face à ce flux inutile et vraiment pas très généreux. Je ne veux pas être aspirée dans ce trou béant, allez me dis-je : laisse tomber tous ces grincheux,  lâche prise, ce n’est qu’un permis et une photo (certes très chère) et je delete mon post avec un petit commentaire en passant.. Bah quoi ? Je ne suis pas parfaitement zen non plus ! Six réveils plus tard, je reçois un sms… anglais de vache espagnol, je comprends vite qu’il s’agit de quelqu’un, local, qui aurait retrouvé mes papiers !!!!!!!!! Quelques sms plus tard, beaucoup d’avertissements amicaux mais personne de disponible pour m’accompagner, je pars à la rencontre de Ricky. Ricky est un Indonésien, probablement Javanais, petite vingtaine d’années, Ricky tient une boutique de téléphones portables à Kuta. Il ne doit pas manger tous les jours. Ricky a pris la peine de chercher le moyen de me contacter. Non seulement, il me rend mes papiers intacts, la photo y compris ; mais il tente de refuser le petit billet que je veux lui glisser. Alors là... moi qui ne chante même pas seule sous ma douche, je pars en chantant à tue-tête sur ma sepeda motor. Non pour ces papiers retrouvés, mais pour le cadeau immense de ce petit gars... la confirmation que oui, les gens bons existent
encore !!!!!!!!!!!!! A peine rentrée à la maison, je ne résiste pas à l’envie de partager ce happy end sur cette même page Facebook qui me semblait réunir les amateurs de la complainte. Pendant plusieurs jours, j’entendais le bruit incessant de notifications telles des machines à sous qui crachent des pièces au casino...534 likes !!!!!!!! Et à chaque ding, le sentiment d’une petite victoire. Moral de l’histoire : tout le monde aime un happy end.


Lucy


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merapi novembre 2010

face sud du merapi

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