Le KITAS va-t-il disparaitre ?

Les dernières déclarations du président Jokowi sur l’assouplissement du permis de séjour des étrangers travaillant en Indonésie reçoivent évidemment un écho favorable parmi les gens concernés mais elles suscitent aussi des interrogations…


Bonjour la Gazette,

J’ai entendu dire que l’Indonésie allait supprimer le KITAS très bientôt. Est-ce que cela est vrai ? Va-t-on pouvoir travailler ici sans avoir à payer ce document qui coûte fort cher et qui est plutôt contraignant à obtenir ? Merci de me renseigner.

Amicalement.



Jean-Pierre B.




La réponse de la rédaction…


Cher J-P B, comme nous l’avons rapporté dans une brève du Desk Info page 27, le président indonésien vient d’affirmer que l’examen d’indonésien qui devait être mis en place pour les étrangers désirant travailler en Indonésie en préalable à l’obtention de leur KITAS allait bien être supprimé. Il a aussi affirmé dans la foulée que ce KITAS ou permis de séjour provisoire devait être supprimé également si le pays voulait instaurer un climat favorable aux affaires et aux investissements en provenance de l’étranger. Notez bien que le KITAS n’est pas un permis de travail mais un permis de séjour. Le permis de travail s’appelle IMTA. D’ailleurs certains KITAS sont délivrés sans permis de travail.

Le nouveau secrétaire de cabinet du président vient lui d’expliquer que la décision de supprimer l’examen d’indonésien qui, rappelons-le n’a jamais été mis en place depuis son annonce en 2013, faisait partie d’un certain nombre de mesures visant à « déréguler » toutes les procédures bureaucratiques qui ralentissent les investissements étrangers dans le pays. Le ministre de l’Emploi, qui avait réactivé il y a quelque mois l’idée d’imposer l’examen d’indonésien, a de son côté confirmé que son ministère suivait bien les instructions du président. L’obligation de posséder un background universitaire pour postuler ne sera pas non plus obligatoire, une expérience professionnelle de cinq ans dans l’emploi visé suffira. Toutefois, comme toujours en Indonésie, il faut être prudent. Les bonnes nouvelles qui font aller les choses dans le bon sens doivent être prises avec circonspection. Le climat général n’est d’ailleurs pas favorable à une dérégulation des conditions d’emploi des étrangers même si les pays de l’ASEAN dans leur ensemble s’y préparent pour la fin de l’année.

Le jour où nous avons reçu votre email, il y a avait un débat à la télé sur ce sujet. Une députée de l’opposition déclarait avec véhémence qu’il était inadmissible d’ouvrir le marché du travail indonésien aux étrangers alors qu’il y avait des millions de chômeurs ici. En bas de l’écran, un texte titrait : Invasion des travailleurs étrangers. Pourtant, cet archipel de 250 000 millions d’habitants n’a délivré en 2014 que 68 500 permis de travail, en baisse par rapport à 2012 (72 427). Nous sommes donc encore loin d’une invasion étrangère… Quant à la suppression du KITAS, permettez-moi de ne pas y croire. Les administrations concernées vont sans doute freiner des quatre fers devant un tel changement qui les priverait d’une manne financière importante, puisqu’il est bien connu que ces documents ne sont jamais facturés au prix officiel et font l’objet d’un commerce juteux. Toutefois, en conclusion, ici, on sait que tout peut arriver !



Eric Buvelot

La censure de TV5 Monde aussi inattendue qu'arbitraire

L’arrêt de la diffusion de TV5 Monde en Indonésie pour images pornographiques ne cesse d’étonner. Une lectrice nous interroge…


Bonjour la Gazette, Bonjour Socrate,

A mi-temps sur Bali depuis un an, je reviens de trois mois d’absence et m’interroge sur le débat pour trouver des solutions à la réception de TV5 monde censuré fin juin. En avez-vous parlé sur la Gazette de juillet que je n’ai donc pas lue et avez-vous donné des tuyaux ? J’ai la parabole qui ne marche pas super et j’ai contacté Vision France qui m’ont envoyé promener quand j’insistais pour connaître le contact de leur représentant à Bali, un certain Stéphane qui ne répond pas aux mails. Bref, quoi de neuf là-dessus ? Renvoyez-moi à la page qui traite du sujet précédemment s’il y a lieu. Merci et bon dimanche !



Véronique



La réponse de la rédaction…
Chère Véronique,

Merci pour votre courrier. Effectivement, nous avons consacré une page entière de notre forum du mois de juillet à ce problème en publiant les courriers de certains lecteurs et aussi la réponse du message que nous avions envoyé à TV5 Monde à Hong-Kong. Il semble que TV5 Monde n’ait pas été contacté par le KPI qui est l’instance en charge de la régulation des médias en Indonésie mais par les opérateurs qui se sont vus interdire la diffusion de cette chaine sous prétexte que les programmes n’étaient pas conformes avec les lois en vigueur en Indonésie. TV5 Monde conseille simplement à ses spectateurs de se connecter sur Internet par le biais de leur nouveau système de visionnage en ligne. Certains de nos lecteurs nous ont dit aussi qu’ils continuaient à recevoir TV5 en direct par la parabole sans passer par des opérateurs. Quoi qu’il en soit, nous allons certainement lancer une action de mobilisation prochainement pour inciter TV5 à demander des explications aux autorités indonésiennes et les convaincre que la chaîne francophone n’est ni pornographique ni contraire aux bonnes mœurs indonésiennes. TV5 a sa place dans le paysage audiovisuel indonésien, elle contribue activement non seulement à la richesse de la liberté d’expression mais elle permet aussi aux milliers d’étudiants qui étudient ou ont étudié le français de parfaire la connaissance de notre langue. Je crois savoir que nos ambassadeurs des pays francophones présents à Jakarta ne peuvent pas intervenir tant que TV5 n’aura pas levé le petit doigt pour protester contre cette décision arbitraire et vraiment inattendue.

Bien cordialement,



Socrate Georgiades

Au sujet du nouveau visa de 30 jours pour les touristes en Indonésie

Comme toujours en Indonésie, les nouvelles, même « bonnes » peuvent cacher quelques mauvaises surprises. Et comme la communication n’est pas le fort des autorités, certains en sont pour leurs frais faute d’avoir été prévenus suffisamment. C’est le cas du nouveau séjour sans visa de 30 jours pour les touristes qui n’est valable que dans 5 aéroports seulement, entrée et… sortie. Sinon, gare aux cerbères en uniforme qui ne vous rateront pas au moment du départ…


 

Bonjour l’équipe de La Gazette,

Il semblerait qu’en Indonésie, on marche sur la tête ! Il y a quelques semaines, ma compagne et moi avons eu la bonne surprise d’arriver à Bali fin juin et de profiter du visa gratuit pour les touristes. Super ! 70$ d’économisés après tout, ce n’est pas rien… C’est même une sacrée somme quand on connait le prix moyen d’un repas local. Au cours de notre séjour, le paradis, nous avons profité de Bali avant de nous envoler vers Kuta Lombok, puis Florès. A quelques jours du notre départ, retour sur l’île de Lombok pour explorer la partie nord et prendre notre avion en direction de Kuala Lampur, avant de repartir pour la France… Nous étions loin de nous douter du comité de départ qui allait nous attendre à l’aéroport. Car voyez-vous, apparemment, s’il est possible de profiter du visa touristique gratuit à l’entrée de Bali, il n’est pas possible de repartir du pays gratuitement depuis l’aéroport de notre choix, à savoir dans notre cas Lombok ! Deux options d’offraient à nous : payer le prix du visa touriste ou annuler notre avion, perdre de l’argent et repartir depuis Bali. Non mais de qui on se moque ? Si l’immigration a été incapable de nous expliquer le pourquoi du comment, elle n’a pas hésité par contre à nous menacer ! Pressés de déguerpir de ce pays de fous au plus vite, nous avons donc payés les dollars demandés pour pouvoir prendre notre avion comme prévu et rejoindre la Malaisie. Alors même si l’Indonésie, c’est fini, on aimerait bien comprendre… Merci pour vos éclairages La Gazette de Bali !



Aurélien



La réponse de la rédaction…




Suite à vos messages envoyés à la rédaction ainsi qu’aux questions des touristes en visite à Bali de plus en plus nombreuses sur les réseaux sociaux, il semble important de préciser que : pour profiter de la gratuité du visa de tourisme valable 30 jours sur le sol indonésien, vous devez impérativement entrer et SORTIR du pays par l’un des cinq aéroports suivants :

- Aéroport Soekarno-Hatta de Jakarta

- Aéroport Ngurah Rai de Bali

- Aéroport Kualanamu de Medan

- Aéroport Juanda de Surabaya

- Aéroport Hang Nadim de Batam

Si vous avez prévu de quitter le pays par un autre aéroport ne figurant pas dans cette liste, il vous sera demandé de payer les 35$ nécessaires à la délivrance du visa tourisme classique lors de votre départ. Afin d’éviter les mauvaises surprises, et si votre voyage nécessite un retour en France depuis un autre aéroport, la seule solution est de demander à payer, dès votre entrée sur le sol indonésien, un visa destiné aux touristes.



Charlène Lafont


Un point historique sur la légende des Mahapahit

Une réaction indonésienne (un peu tardive !) à l’article « L’hindouisme balinais et la dynastie des Majapahit » que nous avions publié en novembre 2007 et qui constituait un extrait du livre « Ma vie balinaise » de notre ex-contributrice Sandrine Soimaud. Comme la totalité de nos articles, celui-ci est disponible sur notre site Internet…



Bonjour, j’apprécie « La Gazette de Bali ». C’est pour ça qu’il me semble urgent de ne plus contribuer au colportage du mythe de « tous les Majapahit [qui vers la fin du XVe siècle] ont fui Java et se sont installés à Bali, pour échapper à l’islamisation. » M. C. Ricklefs, un des meilleurs historiens de l’Indonésie, rappelle que Majapahit a disparu en 1478, sans doute à la suite d’une lutte interne, et que les troupes du royaume musulman de Demak ne conquirent la partie occidentale de l’est de Java que vers 1527. La partie orientale, le royaume de Blambangan, demeure « hindouiste » (l’anthropologue allemand Martin Ramstedt rappelle de son côté que ce sont les Européens qui ont appris aux Balinais qu’ils étaient « hindouistes » : ils ne connaissaient pas le mot avant le début du XXe siècle) et se considère comme vassal des royaumes balinais. Ce n’est qu’en 1770 que le prince de Blambangan se convertit à l’islam, sous l’insistance des Hollandais qui cherchent à soustraire l’est de Java à l’influence balinaise. Comme l’écrit Jean Couteau, que vous connaissez certainement, « les Occidentaux pensent [...] l’histoire de Bali à travers le miroir déformé de leurs propres obsessions historiques. » Pour ce qui concerne le point de vue balinais, le grand anthropologue américain Clifford Geertz a démontré que la référence à Majapahit était essentiellement une légitimation des familles dominantes... Bien à vous.



Anda Djoehana Wiradikarta

Arrêt de la diffusion de TV5 monde en Indonésie

Comme l’avait annoncé au micro notre hôte Philippe Augier le mois dernier lors de la fête des 10 ans de la Gazette de Bali dans son musée Pasifika, la diffusion de la chaîne francophone TV5 Monde est désormais interdite en date du 30 juin 2015. Motif invoqué : trop de « porno »… En effet, si l’on en réfère aux rares articles publiés dans la presse locale sur la question, la commission de censure indonésienne (KPI) a estimé qu’on y voyait trop de parties du corps dénudées, comme « des seins, des fesses et des sexes de femmes. » Dans le tabloïd Bintang, il est expliqué que le groupe de censeurs a décidé d’obtenir l’interdiction de la chaîne parce qu’elle avait enfreint les contraintes morales de diffusion spécifique au pays, créant ainsi « de l’insécurité auprès du public. » Un public qui ne s’émeut pas des mannequins en très petite tenue de Fashion TV mais qui s’alarmerait donc d’un bout de fesse qui dépasse sur TV5 Monde… La KPI a rappelé à cette occasion que la diffusion de « scènes explicites ou de nudité, y compris les génitaux », était un crime au regard de la loi anti-pornographie de 2008 même dans le cadre d’un programme éducatif et qu’elle constituait une infraction passible de six mois à 12 ans de prison et d’amendes entre 250 millions et 6 milliards de roupies. Nous avons donc écrit à la chaîne francophone pour avoir des explications…


Bonjour, il semble que les opérateurs indonésiens de télévision cessent le 30 juin prochain la diffusion de votre chaîne dans l’Archipel. Pouvez-vous nous dire si vous avez envoyé une lettre pour demander des explications aux autorités indonésiennes ? Si oui, quelle a été leur réponse ? Que pensez-vous des raisons invoquées pour justifier de l’arrêt de la diffusion ? Et enfin, est-ce que d’autres pays interdisent aussi la diffusion de votre chaine ? Bien cordialement.

Socrate Georgiades



Voici point par point les différentes réponses que la chaine francophone nous a envoyées…




Bonjour Monsieur Georgiades,


Nous vous remercions de votre message et souhaitons y répondre de manière exhaustive avec les informations qui nous ont été transmises par certains de nos opérateurs indonésiens. TV5MONDE Asie-Pacifique a été informé de la suppression de TV5MONDE Asie chez certains opérateurs indonésiens. Grâce à l’un de nos opérateurs en Indonésie que nous avons contacté, nous avons pu récupérer une lettre d’injonction émise par l’organisme de régulation des media en Indonésie (KPI - Komisi Penyiaran Indonesia). Cette lettre a été envoyée à l’ensemble des distributeurs en Indonésie il y a quelques jours et TV5MONDE n’en n’a jamais été informé préalablement. Dans cette lettre, il est demandé aux opérateurs de faire le nécessaire afin de visionner les programmes avant transmission (autocensure) ou si cela n’est pas possible de faire le nécessaire afin de ne plus transmettre de programmes dont le contenu est jugé inadéquat par les autorités. Malheureusement, les opérateurs n’ont en général pas les capacités humaines et/ou techniques d’assurer cette autocensure et sont responsables aux regards de la loi du contenu diffusé sur leur réseau. Sans action de leurs parts, ils s’exposent à de très lourdes amendes. Aussi, à ce jour, plusieurs opérateurs ont préféré retirer purement et simplement la chaîne de leur offre. Si TV5MONDE a pour politique de respecter les sensibilités locales de pays dans lesquelles elle est diffusée, il nous paraît aujourd’hui impossible de vérifier la conformité de l’intégralité de nos programmes, (y compris d’information) et de nous conformer à 100% à la loi indonésienne mais aussi chinoise et malaisienne pour la région Asie. N’ayant pas été destinataires de cette lettre, ni des motifs ayant conduit à cette décision, il nous est difficile de stopper la censure envers notre chaîne. Nous travaillons cependant, en accord avec les représentations diplomatiques des pays partenaires de TV5MONDE à Jakarta, afin de voir dans quelle mesure nous pouvons remédier à cette situation sans malheureusement aucune garantie de succès.


Nous pouvons aujourd’hui vous proposer de regarder les programmes de notre chaîne depuis Internet par le biais de notre nouveau système de visionnage en ligne TV5MONDE+ (vous pouvez regarder en direct les programmes TV5MONDE Asie, ceux de la chaîne TV5MONDE Info ainsi que de la nouvelle chaîne Art de vivre : TV5MONDE Style). Pour plus d’information, veuillez-vous rendre directement sur notre site Internet en cliquant sur le lien suivant : https://asia.tv5monde.com/Plus/Discover. Nous vous remercions de votre compréhension et votre soutien et restons bien entendu à votre disposition pour toute information que vous jugerez nécessaire. Nous vous souhaitons une bonne fin de journée. Cordialement.



L’équipe TV5MONDE Asie-Pacifique


Cher Monsieur Georgiades,
Le Vietnam exerce une censure mais permet une diffusion de la quasi-totalité de nos programmes. La Chine et la Malaisie, quant à eux, n’autorisent pas la diffusion de la chaîne TV5MONDE Asie dans son état. À ce jour, TV5MONDE n’a pas la capacité technique de se conformer à 100% avec les exigences de ces pays. Merci de votre intérêt et soutien. Cordialement.



L’équipe TV5MONDE Asie-Pacifique



 


Et voici la réponse qu’ils ont envoyée à un de nos lecteurs qui s’inquiétait de la prochaine disparition de la chaîne…




Nous vous remercions de votre message et souhaitons y répondre de manière exhaustive avec les informations transmises par certains de nos opérateurs indonésiens. Nous devons malheureusement vous informer que l’intégralité des opérateurs indonésiens ont pris la décision de retirer TV5MONDE Asie de leur offre. A partir du 30 juin 2015, plus aucun ne proposera la chaîne : le dernier en date Indovision. Sachez cependant que les représentants diplomatiques des pays partenaires de TV5MONDE en Indonésie (France, Belgique, Suisse et Canada) vont rencontrer les autorités de KPI afin de comprendre les raisons qui ont mené à cette éviction et de voir quelles sont les options envisageables pour un retour de notre chaîne en Indonésie. Nous tiendrons bien entendu nos téléspectateurs informés. Nous avons bien noté que vous ne disposiez que d’une connexion 3G. Notre offre en ligne bénéficie d’une technologie d’»adaptative streaming» : le flux vidéo s’adapte aux contraintes de votre connexion Internet. Nous vous conseillons d’essayer cette solution avec la chaîne Info, qui est disponible gratuitement afin de voir si le service et sa qualité vous conviennent. Cela ne vous engage à rien et ne nécessite aucune installation de votre part. Depuis hier soir, cette solution est également accessible grâce à notre application Androïd TV5MONDE Asie sur Google Play. C’est aujourd’hui malheureusement la seule option que nous sommes à même de proposer à nos téléspectateurs en Indonésie. Nous vous remercions de votre compréhension et de votre soutien et restons bien entendu à votre disposition pour toute information que vous jugerez utiles. Nous vous souhaitons une bonne fin de journée. Cordialement



L’équipe TV5MONDE Asie-Pacifique


L'immobilier à Bali, la question du freehold

Un lecteur nous demande des clarifications sur les modalités d’achat, de location et d’exploitation de biens fonciers en Indonésie par des étrangers, au regard des dernières déclarations plutôt menaçantes des autorités indonésiennes, notamment sur le recours à un prête-nom, une méthode illégale. L’occasion de rappeler que La Gazette de Bali a toujours affirmé sans relâche dans ses colonnes que la propriété foncière était interdite aux étrangers en Indonésie et de demander à des professionnels, également annonceurs dans le journal, d’apporter leur éclairage sur ces différentes questions…

 
Bonjour. Il y a 4-5 ans vous aviez interviewé un avocat indonésien concernant les systèmes de « Hak Milik » et de « Nominee ». Ce spécialiste du droit confirmait ce que je pensais alors : tous ces contrats chez les notaires n’ont aucune valeur légale et n’ont pour seule utilité que de mettre noir sur blanc les promesses réciproques de 2 personnes honnêtes. Maintenant que le ministre des Affaires agraires semble étudier ce dossier, une enquête sur le sujet serait intéressante. Peut-être apporteriez-vous un autre son de cloche que ce qui se dit chez les promoteurs, agents et autres notaires, plus intéressés par le gain que par la protection des petits investisseurs. Il est vrai que vous risquez de vous mettre à dos certains de vos annonceurs. Mais c’est aussi l’occasion de revenir aux fondamentaux du fondateur de la LGdB : la protection de la veuve et de l’orphelin ; celle de Bali également. Les touristes qui lisent la LGdB, pris subitement par le rêve de posséder un bien immobilier, méritent cette information.

Dans un registre similaire ces mêmes touristes (ou expats) qui se mettent à louer leur bien à la nuitée. Que dit vraiment la loi indonésienne à ce sujet ? Les pouvoirs publics disent qu’il faut un « Pondok Wisata » et donc un IMB spécial ainsi qu’un « Izin Usaha ». Cela semble justifié pour des constructions à seule vocation locative, quid des maisons d’habitation louées ponctuellement ? En France, si le bien n’est pas loué plus de 3 mois par an, la seule obligation du propriétaire est de déclarer les revenus aux impôts ? La loi indonésienne est très souvent inspirée du droit européen. Il est ordonné d’acquérir un « izin pondok wisata », mais en même temps les pouvoirs publics ne veulent plus en délivrer. Voilà quelques pistes qui, je l’espère, vous intéresseront. Bien cordialement.

Denis
 


La réponse de la rédaction…
 

Bonjour Denis et merci pour votre courrier que j’ai fait suivre à nos annonceurs spécialistes de l’immobilier, deux d’entre eux ont répondu, vous lirez leurs réponses ci-dessous.

Pour ma part, je ne connais rien au droit immobilier mais je voudrais apporter mon point de vue sur les effets d’annonces des officiels indonésiens. Tout d’abord, je dirais que les officiels adorent prendre des positions très démagogiques qui flattent le nationalisme ambiant et qui sont très rarement suivies d’effets. La loi sur les PMA a été modifiée en 2007, rétroactive, si on changeait une virgule à quoi que ce soit, on tombait sous le coup des nouvelles dispositions. Dans les faits, il n’y avait pas de crainte à avoir. Ensuite, on a entendu régulièrement des coups de filet contre les propriétaires de villas, contre les travailleurs sans kitas, contre ci, contre ça… Une loi sur les couples mixtes dont le décret d’application n’a jamais été votée. Dernièrement, les visas on arrival gratuits pour les Européens et un diplôme de langue indonésienne obligatoire pour les travailleurs étrangers sont tombés à l’eau, mais la nouvelle avait eu le temps de faire le tour du monde et de semer la confusion dans les esprits.

Concernant cependant la revente de bien en freehold, on a souvent oublié de dire au « propriétaire étranger » qu’il fallait que le prête-nom assiste à la transaction. Et pour qu’il y assiste, il faut avoir maintenu de bons liens avec lui sinon il fera payer très cher sa présence.

Beaucoup de bruit pour rien qui pourrait se lire au pied de la lettre comme de l’amateurisme mais qui en fait est juste un mode de gouvernance d’effets de manche, pris dans la contradiction d’attirer les capitaux étrangers dans une communication en langue anglaise tout en confortant le bon peuple en bahasa indonesia sur le fait que tous les maux viennent de l’étranger. La pression contre les étrangers s’étoffe en ce moment, on a pu le constater aussi avec l’exécution de nombre d’entre eux pris dans des affaires de drogue alors que des Indonésiens qui avaient commis les mêmes infractions sont simplement condamnés à des peines de prison. Bien cordialement.

Socrate Georgiades
 
 
 
Les explications des professionnels…


« Crise du nominee » : Contrairement à ce que croient beaucoup de personnes rencontrées ces dernières semaines, la loi n’a pas changé. En Indonésie, la pleine propriété « freehold » n’a jamais été légale pour les étrangers. En tout cas, pas ces dernières décennies. La procédure du prête-nom, « nominee agreement », est un moyen de contourner la loi indonésienne. A Bali Immobilier, nous l’avons toujours présenté de la sorte à nos clients. En 10 ans d’activité, nous n’avons vendu qu’un seul bien en « freehold » (ne pas oublier les guillemets) à des étrangers et dans des conditions très particulières. Il y a 2 façons pour un particulier étranger d’investir dans l’immobilier à Bali en toute légalité : le leasehold (location longue durée) et le hak pakai (une variante du freehold avec des exigences particulières). Une société à capitaux étrangers type PMA peut aussi investir dans l’immobilier mais la procédure est complexe, onéreuse et n’aboutira pas de toute façon à un titre de pleine propriété pour étranger.



Un nouveau ministre a menacé de faire appliquer la loi et de partir en croisade contre les étrangers qui l’ont enfreinte ? Je ne sais pas si, ces quinze dernières années, il ne s’est pas passé un an sans qu’un article dans un journal reprenne une déclaration de tel ou tel officiel qui rappelait cette règle de base concernant le droit à la propriété et les étrangers, en promettant de sévir. La dernière déclaration en date sera-t-elle suivie de contrôles et de sanctions ? Si ça devait être le cas, il est clair que la façon dont le montage du « nominee agreement » a été fait et les relations que les acheteurs entretiennent avec les prête-noms et leurs descendants seront des éléments déterminants. Il est à noter qu’avec « l’ébruitement » des cas portés en justice, même s’il ne se passait rien de concret dans l’immédiat, dans un avenir plus éloigné, le nombre d’héritiers indonésiens voulant contester la validité de ces arrangements risque de croitre fortement.



« Crise du Pondok Wisata » : Jusqu’au 1er janvier 2014, les licences commerciales pour les villas (pondok wisata) et pour les hôtels étaient accordées quelle que soit la zone constructible : zone touristique (pariwisata), zone commerciale (perdagangan/jasa), zone résidentielle (perumahan/pemukiman), etc… Depuis le 1er janvier 2014, ces licences sont accordées uniquement dans la zone touristique. Celles-ci couvrent un secteur très limité dans la région de Seminyak-Kerobokan-Canggu. Beaucoup de villas destinées à la location saisonnière se trouvent désormais en dehors de cette zone et ne pourront pas obtenir la licence. La dernière nouveauté, c’est que même sans licence, ces villas peuvent désormais payer leurs taxes sur les locations.



Il faut être conscient des particularités indonésiennes lorsque vous souhaitez investir à Bali. Nous ne manquons jamais d’en faire part à nos clients avant toute transaction. Il est possible d’engranger de confortables bénéfices. En contrepartie, il faut savoir accepter les particularités du système indonésien et les risques qu’il comporte. Comme tout le monde devrait le savoir, dans tout investissement, il y a une part de risque. En général, plus les possibilités de profits sont élevées, plus les risques sont importants. Bali ne déroge pas à cette règle. Malgré cela, la grande majorité des personnes qui nous contactent franchissent le pas et investissent en toute connaissance de cause car ils estiment que le jeu en vaut la chandelle. On ne peut pas dire que, ces dernières années, les investisseurs qui ont bien réfléchi avant d’agir et qui se sont bien entourés se soient trompés au vu des résultats.



Rien ne dit que la réglementation ne changera pas de nouveau dans un futur plus ou moins proche. Les lois, mais surtout les interprétations, qui en seront faites par l’administration et leurs applications iront dans quel sens ? Nul ne le sait pour le moment. Y a-t-il un endroit dans le monde où les réglementations ne changent jamais ? Il y a peu de temps, en France, certains propriétaires ont eu de mauvaises surprises à cause d’une nouvelle loi sur l’immobilier. Pourtant la France est un pays où les perspectives de profit sont bien moindres. Est-ce que dans l’avenir, il sera devenu « normal » que les villas sans licence se « mettent en règle » en payant des taxes ou alors les licences seront-elles de nouveau disponibles pour tous ? La seule certitude, c’est que l’avenir nous le dira. Pour l’instant, c’est business « as usual. » Avec ses moments de doutes puis ses solutions. Ça se passe comme ça à Bali.



Benjamin, Bali Immobilier



 

Qu’il est agréable de ne pas se sentir seul dans des combats difficiles… Et pour cela, je vous remercie, Denis ! En effet, depuis nos débuts, nous avons toujours proclamé haut et fort que le Hak Milik (freehold) n’est absolument pas autorisé pour les étrangers (Warna Negara Asing). Ceci est stipulé clairement dans la loi n° 5 de 1960 connue sous le nom de « Loi agraire ». Dans ce texte, il est écrit (sans équivoque) que seul un citoyen indonésien (personne physique) peut obtenir une terre en pleine propriété et que le prête-nom est une pratique illégale. De même pour une personne morale (entreprise par exemple), il n’est pas possible d’obtenir l’accès à une propriété en Freehold mais il existe d’autres moyens légaux tels que Hak Sewa Menyewa ou Hak Guna Bangunan. Nous sommes prêts à conseiller toute personne souhaitant investir en Indonésie, et ce d’une façon professionnelle, aboutie et argumentée. Alors, cher Denis, non seulement, La Gazette de Bali ne vas pas se mettre à dos l’annonceur que je suis, car c’est pour cette raison précise que j’associe mon nom et mon entreprise à un mensuel sérieux qui dit les choses, mais aussi qui me permet d’avoir une tribune pour donner des informations importantes.


Cela fait 23 ans que j’habite et que je travaille sur Bali (et que je sillonne l’Indonésie). Je vais être bref et sans concession. Il y a 2 sortes
d’entrepreneurs : Les 1ers, les affairistes qui ne connaissent pas grand-chose à l’Indonésie, à sa langue, à sa culture, à ses traditions et à sa législation, qui font quelques coups et s’en vont au bout de quelques années (avec de nombreuses « casseroles » et des clients déçus à la clé). Les 2èmes, les vrais professionnels qui veulent s’inscrire dans la durée, qui ont un savoir et une éthique… Si j’ai un conseil à donner, ne jamais écouter « le vendeur » et ses belles paroles, mais contrôler le bien fondé, le savoir-faire et le professionnalisme de celui qui vous vend quelque chose !  



Concernant les personnes qui louent à la nuitée, en Indonésie, voilà ce que dit la législation du point de vue légal : toute personne qui obtient une rémunération suite à la location d’un bien immobilier doit avoir les permis et licences nécessaires, être enregistrée aux impôts et payer les taxes sur ces revenus. Cependant, dans la pratique, cela est très diffèrent, beaucoup de personnes louent leur bien sans le déclarer aux autorités compétentes. Les vérifications ne sont pas monnaie courante mais cela arrive tout de même et alors, le prix à payer sera « douloureux ».



En tant que lecteur, professionnel de l’immobilier et de la construction sur Bali, et annonceur sur la Gazette, je tiens à vous remercier de votre courrier et de l’impact positif que cela aura sur les potentiels acquéreurs d’un bien immobilier sur Bali ou sur l’Indonésie en général… Sachez que nous nous ferons un plaisir de répondre avec sérieux, pertinence et efficacité aux questions qui pourraient se poser sur le sujet !



Pierre Porte, Pierre Porte and Partners

motard dans la cendre

motard dans la cendre
merapi novembre 2010

face sud du merapi

face sud du merapi
paysage de désolation après le passage des lahar