Ne pas confondre ficus benjamina et ficus religiosa

Jean-Marie Bompart, ethno-botaniste qui parcourt l’Indonésie depuis de nombreuses années et auteur du guide touristique « Natural Guide Bali, Lombok, Flores, Sumba » (cf. La Gazette de Bali n°42 - novembre 2008) a relevé une erreur dans l’article culinaire de Socrate Georgiades du mois dernier intitulé « La mangerie de la feuille de ficus en plein Denpasar ». C’est noté…

Mon cher Socrate, une rectification botanique (trop puriste peut-être, maaf) me donne l’occasion de t’adresser un amical salut de mon Languedoc natal où seul croît le figuier « comestible ». Tu as écrit : ficus benjamina sous lequel Siddhartha Gautama a reçu l’illumination et est devenu Bouddha. Ficus benjamina : c’est le beringin / waringin,  celui du Golkar, arbre géant, ou le riquiqui figuier « pleureur » qui (souvent) végète dans nos intérieurs climatisés. Le figuier du Bouddha, ou des pagodes, c’est traditionnellement Ficus religiosa. Il est à ma connaissance très rarement planté en Indonésie, même à Bali (dans quelques collections seulement ?). Voilà, cette précision faite pour éclairer ta lanterne, mais je n’étais pas là lors de l’illumination ! Et je retourne avec plaisir feuilleter la Belle Gazette ! Merci ! Bien à toi.

JM

NB : Parfois, c’est un autre arbre introduit au XIXème d’Amérique (Hura crepitans) que l’on prend en Indonésie pour Ficus religiosa, car les feuilles se ressemblent un peu, mais ce Hura n’a rien à voir avec un figuier d’un point de vue botanique. Et ses feuilles sont peut-être toxiques. Hoorahh lahlah.

le massacre de la forêt des singes au sacro-nom de la voiture

Une lectrice française vivant à Ubud près de la « Monkey Forest » se dit désolée de l’énorme parking construit sur le site au détriment des règles de l’environnement...

Tandis qu’Ubud se réunit toujours autour de musiques et festivités, fêtes et autres loisirs, un parking de voitures énorme a été construit au cœur de la Forêt des Singes. Pour arrêter plus de voitures et emmener plus de touristes aux innombrables boutiques et restaurants, lâchant plus d’argent dans la roue diabolique. Ils disent que cela a été créé pour un but décent : stopper la pollution, mais que dire de cette ceinture de vert qui a été sauvagement massacrée, tondue d’une façon criminelle comme une tête rasée ? De ce son craché dans l’atmosphère comme à des pourceaux, tel un poison crié sur un micro et amplifié, qui ressemble exactement à des annonces dans un aéroport ? Je suppose qu’ils ont eu assez d’humour ou de sarcasmes pour le faire résonner avec le même « ding dong », comme pour chaque avion qui décolle, chaque groupe de touristes comme cochons, emportés vers plus de consumérisme ! Les singes sauvages et drôles qui grignotent tant de plastique et de canettes vides amusent et sont « amusés », à présent stérilisés pour notre sécurité à nous autres, vivant près de la forêt. Une farce amère. Y a-t-il vraiment trop de singes ? Ou juste trop d’humains se comportant comme tels, ou pire comme des cochons, trop de touristes et de commerçants embarqués dans la « Roue de la cupidité et de l’argent facile » ? De combien d’éruptions volcaniques d’un volcan semi-endormi a-t-on encore besoin pour se rappeler au Cœur et à l’Ame de Tout ? A l’essence sacrée, à la forêt mal utilisée, abusée, mise en pièces ? Pour que le silence, la forêt et les arbres soient respectés. Est-ce qu’on vivra sur l’argent lorsque les arbres disparaitront, quand nous n’aurons plus d’oxygène à respirer pour nous et pour nos enfants ?

Tatiana Scali

Chauffeurs de taxi balinais asphyxiés au désodorisant

Une lectrice s’inquiète de la santé des chauffeurs de taxi à Bali, constamment exposés aux désodorisants qu’ils accrochent au tableau de bord de leur véhicule…

Récemment on a évoqué dans la Gazette combien il est facile d’améliorer un peu la vie de nos amis indonésiens. Personnellement, une de mes spécialités, c’est d’informer les chauffeurs de taxi que les boules puantes… euh, désodorisantes qu’ils mettent dans leur taxi peuvent leur causer de véritables problèmes de santé surtout qu’ils restent en permanence les fenêtres fermées dans l’air conditionné. Souvent, je les aide à réaliser que c’est ça qui leur donne mal à la tête, mal à la gorge, ou qui les rend léthargiques. Ce serait encore mieux s’ils jetaient la chose directement mais, en attendant, je leur propose de la mettre dans la boîte à gants et de la sortir quand ils ont des clients disons… odorants ! Bien amicalement.

V D

In Memoriam Claire Guillot

Nous avons appris le mois dernier avec infiniment de peine le décès de Claire Guillot, toutes nos pensées vont à sa famille et ses proches. Voici le portrait d’elle que nous avions publié en novembre 2016, le sujet du dossier était de savoir pourquoi Bali réussissait tellement aux femmes…


CLAIRE GUILLOT : 30 ANS DU PARCOURS D’UNE ENTREPRENEUSE FRANÇAISE

A Bali, au début des années 80, la centaine d’étrangers qui vivait à Legian songeait plus à passer du bon temps et à faire la fête qu’à travailler. Bali agissait sur les esprits et les corps comme un puissant élixir de de jouvence, un petit morceau de terre où on vivait loin des tracas du monde et… nu : « Ca peut paraitre difficile à croire, nous rappelle Claire Guillot qui est venue pour la première fois en vacances à Bali en 1979, mais nous étions libres et nus sur la plage de Legian, devant le Blue Ocean. Les pêcheurs balinais près de nous ne nous jetaient pas un regard. Toutes les étrangères, ne craignant aucune agression, vivaient ici avec une grande tranquillité d’esprit. » Une des activités principales de l’île dans ces années, c’était la confection, on trouvait facilement des ateliers de teinture et de couture. Alors, en 1983, pour essayer de s’installer dans ce petit paradis, Claire lance avec son amie Annie une collection de sportswear pour hommes en batik noir et blanc qu’elle exporte en France: « J’admirais déjà à cette époque le courage et le travail appliqué des femmes balinaises, levées à l’aube pour cuisiner pour toute la famille, préparant les offrandes, s’occupant des enfants et travaillant dans les rizières. Et ça a été une motivation de plus pour vivre à Bali parmi ce peuple charmant. » Mais Claire et Annie sont rapidement débordées par le succès de leurs collections à l’occasion du salon du prêt-à-porter à Paris. Pour gérer la distribution et le développement fulgurant, Claire aurait dû partir vivre en… France. Pas question bien sûr, alors, en 1989, lelle décide de prendre une autre direction ! Elle quittera finalement Bali pendant 6 ans pour travailler en tant que commerciale chez Descamps. En 1995, elle revient à Bali en vacances. « Je savais qu’en remettant les pieds ici, je prenais le risque de quitter mon travail et c’est ce qui s’est effectivement passé. Depuis 1995, je revis et travaille à Bali. » Avec Ken Prudhomme, elle a lancé Piment Rouge Lighting, une marque de lampes qui emploie à présent plusieurs dizaines de personnes et s’est imposée en Indonésie tant sur le marché local qu’à l’international.

Socrate Georgiades

Et le Premier Prix du plus bas salaire est attribué à…


Sous le titre « Et le Premier Prix du plus bas salaire est attribué à… », nous avons reçu ce courrier non signé mais écrit à plusieurs mains qui dénonce les agissements mesquins et indignes selon les auteurs d’un hôtelier francophone établi ici, sans le nommer bien sûr…

Dans la vie, il y a des gens extraordinaires qui tâchent  de rendre service à l’humanité et à leur prochain en embrassant de belles causes. Il y a des gens ordinaires, l’écrasante majorité que nous sommes et qui suit son petit bonhomme de chemin en survivant et profitant du mieux qu’elle peut à la mesure de ses moyens sans trop nuire à son prochain et à son environnement. Et puis, celle qui suscite notre courrier collectif d’aujourd’hui, la dernière, celles des méchants. Bien sûr, les catégories ne sont pas étanches, certains tâchent de paraitre appartenir à la première pour racheter un comportement qui relève de la dernière. Cette classification est caricaturale mais les méchants sont caricaturaux par leurs excès et la bassesse de leurs instincts. Cette longue introduction pour parler d’un hôtelier étranger francophone qui provoque l’indignation de tous les gens qui bossent pour lui et nuit par son comportement à l’image de tous les étrangers installés à Bali et plus largement en Indonésie. Si vous observez attentivement la fiche de paie ci-jointe, vous verrez qu’il paie ses employés indonésiens 1,3 million par mois (89 euros) au lieu du salaire minimum mensuel qui est de 2,299 millions dans la région de Badung  (148 euros). Ne parlons pas du partage des pourboires (tipping) : 400 roupies, oui deux pièces de deux cents roupies. Avec les employés étrangers, ce n’est guère mieux, voire pire. Pour attirer deux jeunes chefs dans ses filets, il leur a proposé de les payer seulement au pourcentage, en leur montrant les bons chiffres réalisés dans son autre établissement (certe sans rien leur promettre mais en ne garantissant pas non plus de salaire minimum!). Résultat le premier mois : 719 250 rp par personne! Mais en fait des dettes puisque l’hôtelier leur loue un scooter à 600 000 rp, utilisé pourtant pour aller réaliser les courses du restaurant ! Sans compter le visa social que les jeunes  chefs prennent à leur charge alors qu’ils devraient avoir un visa de travail en bonne et due forme payé par l’employeur. Quand les deux jeunes cuistots ont le malheur après quelques mois de ce calvaire de mettre la clé sous la porte avec les 12 millions confiés pour aller faire les courses (ceci étant leur seul moyen d’acheter leurs billets d’avion pour rentrer), l’hôtelier se répand en imprécations  en les diffamant sur la page d’un blog en français sur Facebook !
Nous ne vous avons révélé que quelques éléments  de ce dossier à charge très épais et espérons que ce courrier l’aidera à prendre à conscience de son comportement indigne qui porte préjudice à nous tous qui vivons ici, aimons ce pays et tâchons de vivre en harmonie avec son peuple !


Entre illusion et réalité, construire à Bali

Avec le titre « Entre illusion et réalité », Christine se confronte à la réalité d’un pays comme l’Indonésie où, quand il s’agit de construire une maison, toutes les combines et arnaques sont possibles. Un grand classique ici, eh oui, l’Indonésie, ce n’est pas la France…


Bien que ce ne soit pas l’objet de ce courrier, par association d’idées, c’est Royal de Luxe qui m’est venu à l’esprit quand il s’est agi de rédiger ce petit sujet. Royal de Luxe, c’est cette compagnie de théâtre de rue qui a pris ses quartiers à Nantes, la ville de Jules Verne, il y a de nombreuses années déjà. Un modèle de créativité, d’ingéniosité qui ne cesse de faire l’unanimité depuis près de trois décennies maintenant à travers le monde, avoir la chance de croiser un de leurs spectacles est une occasion grandiose à ne pas manquer. J’ai toujours trouvé impressionnant ces gens qui sans prétention tendent vers une sorte d’excellence quand tant d’autres avec beaucoup de prétention tendent en réalité vers l’opposé.

Mais ce n’est pas de théâtre dont je veux parler, mais d’immobilier, ici à Bali. Le sujet concerne beaucoup d’expatriés ou de candidats à l’expatriation qui choisissent de s’installer à Bali car réaliser un investissement immobilier est une option. Certains ont franchi le pas, d’autres se posent la question, tout le monde à son avis et son expérience sur la question. Avec un peu de recherche on s’aperçoit rapidement que les conseils ne manquent pas, qu’il y a un certain nombre de précautions à prendre, et que certaines entreprises promettant monts et merveilles peuvent se révéler pour le moins décevantes, très bien.

Seulement pour autant, il n’est pas facile de se faire un avis circonstancié sur les acteurs du secteur et encore moins de savoir qui est qui quand on débarque ! La loi étant très stricte concernant la dénonciation et la calomnie, de fait les retours d’expérience ne sont pas si nombreux et toujours extrêmement vagues. Le problème est, me semble-t-il, que dans ces conditions ces entreprises « planche pourrie » peuvent continuer impunément leurs pratiques qui flirtent avec l’escroquerie et surtout continuer à mettre leurs clients en difficulté avec des conséquences plus ou moins sérieuses.

Car pour qu’un investissement soit couronné de succès, mis à part la fluctuation possible du marché et les questions administratives, il faut au minimum pouvoir maîtriser le budget et être assuré de la conformité de la réalisation. C’est là que les difficultés commencent, dans mon cas après avoir signé un contrat pour un montant global déterminé, cela commence par une augmentation du budget de 40% environ. Evidemment, cela intervient après l’implantation et la réalisation des fondations, difficile de modifier le projet à ce stade (la raison qui me fait utiliser le terme « évidemment » provient du fait qu’il semblerait que ce soit une stratégie éprouvée dans l’immobilier permettant de tout passer dans la partie gros-œuvre que le client ne peut décrypter, et on tient l’information de la part de l’intéressé lui-même).

Evidemment aussi, des raisons sont avancées, étude de sol, structure, bref tout ce qui est invérifiable là aussi. Mais des solutions sont également proposées, supprimer… les portes coulissantes, le placo-plâtre, le pool deck, etc. on peut donc déshabiller la maison, c’est formidable.
D’autant plus que toutes les tentatives pour ramener le budget dans les plots par des suppressions se soldent par des augmentations, plus le temps passe plus la note monte.

Et le temps passe ! Car un facteur non négligeable est aussi celui du délai, un chantier qui s’éternise ce sont des années de lease qui partent en fumée, des frais qui s’additionnent, les prix des matières premières qui augmentent. Dans ces conditions, on est très vite tenté de remercier le constructeur et de souhaiter que le maelström l’emporte. Seulement celui-ci prend soin de rester en termes de réalisation, substantiellement en dessous des montants déjà avancés. Vient alors le temps du chantage à l’arrêt du chantier. Le seul choix restant étant de continuer à payer en espérant finir le chantier. Lorsqu’enfin on arrive tant bien que mal au stade des finitions, la déconvenue prend tout son relief et le leitmotiv « il faut réduire les coûts » conclu chaque phrase en réponse aux objections.

Pour une entreprise qui se targue de fournir un niveau qualitatif inégalé à Bali et se présente avec des références de poids, au-delà des pratiques malsaines dont il est fait usage, le précipice entre l’illusion est la réalité est considérable, digne d’une plongée à vingt mille lieues sous les mers. Raconté brièvement de cette façon cela peut sembler un peu invraisemblable mais c’est clairement le schéma sous-jacent qui est mis en œuvre. Et il n’est pas aisé de le soupçonner avant qu’il ne soit trop tard. Plusieurs s’y sont retrouvé confrontés et ne sont pas les premiers inconscients venus. Donc avis aux prétendants à l’investissement immobilier, la réalité nous rattrape toujours et de mon point de vue il est certainement préférable d’opter pour une phase d’observation en s’installant sur place afin de vérifier très concrètement les assertions florissantes qui nous sont servies sur un plateau.

Quelles que soient les précautions que l’on prend pour se prémunir de ce genre de mauvaises aventures, il faut bien se dire que ce n’est jamais suffisant. Il faut être absolument intraitable sur les termes du contrat qui doivent être extrêmement détaillés dans tous les aspects du projet et jusque dans les moindres détails d’équipement prévus. Il faut être sur place et surveiller absolument tout. Et bien sûr rester conscient que la courbe de Fibonacci ne se croise que dans la nature, l’humain est encore loin de l’avoir égalée.

Christine

le mot et la chose

Un lecteur nous fait part de son enthousiasme pour une vieille chanson qui parle de « la chose ». Depuis qu’il a retrouvé la sérénité à Bali, Serge a aussi retrouvé le goût de la lecture, nous dit-il. A-t-il également retrouvé son goût pour « la chose » ? L’avait-il seulement perdu ? Ah, ça, il ne le dit pas…

Bonjour Socrate, depuis une dizaine d’années, je trouve à Bali la sérénité, une forme de bonheur qui est bien précieuse dans ce monde agité qui nous entoure. Cette sérénité a aiguisé de nouveau mon goût de la lecture et, au hasard de mes promenades de page en page, j’ai trouvé ce petit bijou que je soumets à l’appréciation des lecteurs de La Gazette. Ce poème est charmant, délicieux et on peut se demander, à bon droit, qui peut en être l’auteur. Ce n’est pas Raymond Devos, ça pourrait être Sacha Guitry qui aimait tant les femmes, mais non. Alors, un petit effort, je vous donne un tuyau, cet auteur est bien connu pour une chanson écrite pour les enfants et que nous avons tous chantée quand nous étions des gamins ébouriffés... « J’ai du bon tabac dans ma tabatière, j’ai du bon tabac, tu n’en auras pas. » Eh bien, cet auteur, c’est l’abbé de Lattaignant, abbé de cour et libertin qui a commis ce mot et cette chose en 1775. Bonne lecture.

Serge


LE MOT ET LA CHOSE

Madame, quel est votre mot
Et sur le mot et sur la chose ?
On vous a dit souvent le mot,
On vous a souvent fait la chose.
Ainsi, de la chose et du mot
Pouvez-vous dire quelque chose.
Et je gagerai que le mot
Vous plaît beaucoup moins que la chose !
Pour moi, voici quel est mon mot
Et sur le mot et sur la chose.
J’avouerai que j’aime le mot,
J’avouerai que j’aime la chose.
Mais, c’est la chose avec le mot
Et c’est le mot avec la chose ;
Autrement, la chose et le mot
À mes yeux seraient peu de chose.
Je crois même, en faveur du mot,
Pouvoir ajouter quelque chose,
Une chose qui donne au mot
Tout l’avantage sur la chose :
C’est qu’on peut dire encor le mot
Alors qu’on ne peut plus la chose...
Et, si peu que vaille le mot,
Enfin, c’est toujours quelque chose !
De là, je conclus que le mot
Doit être mis avant la chose,
Que l’on doit n’ajouter au mot
Qu’autant que l’on peut quelque chose
Et que, pour le temps où le mot
Viendra seul, hélas, sans la chose,
Il faut se réserver le mot
Pour se consoler de la chose !
Pour vous, je crois qu’avec le mot
Vous voyez toujours autre chose :
Vous dites si gaiement le mot,
Vous méritez si bien la chose,
Que, pour vous, la chose et le mot
Doivent être la même chose...
Et, vous n’avez pas dit le mot,
Qu’on est déjà prêt à la chose.
Mais, quand je vous dis que le mot
Vaut pour moi bien plus que la chose
Vous devez me croire, à ce mot,
Bien peu connaisseur en la chose !
Eh bien, voici mon dernier mot
Et sur le mot et sur la chose :
Madame, passez-moi le mot...
Et je vous passerai la chose !

J’ai aussi trouvé « Le mot et la chose » chanté  par Chanson Plus Bifluorée. Juliette Gréco l’a aussi chanté : www.letras.mus.br/chanson-plus-bifluoree/53811/

Des opportunités d'emplois comme s'il en pleuvait à Bali

Suite du courrier de notre stagiaire du mois dernier… qui n’est plus stagiaire.

Dans la dernière édition, je vous avais parlé de la dure vie des stagiaires à Bali. En tant qu’ancienne stagiaire, je ne dénierais pas qu’il y a des aspects négatifs. Moi aussi, j’ai subi le patron misogyne, les payes minimalistes, la surexploitation et les horaires improbables… Mais je ne regrette rien. C’était une expérience incomparable.

Effectivement, le cadre, les soirées et le coût de la vie, compensent pour beaucoup. Mais ce n’est pas seulement ça. Il y a à Bali une atmosphère toute particulière qui donne à chacun l’impression que le monde est plein de possibilités. Les carcans administratifs, les règles de bienséance, toutes ces barrières, qui ralentissent notre épanouissement professionnel et notre capacité à saisir des opportunités en France, sont inexistantes à Bali. Ici, plus de politesse ni de poème de courtoisie à la fin de chacun de vos emails. On ne perd plus de temps à franchir des frontières de secrétaires pour atteindre le patron. Tout semble plus accessible, plus disponible. Le « Boss » ça peut être n’importe qui ici, donc… plus personne. Les rendez-vous professionnels se font dans des restaurants de bord de mer, en flip flop, quand ce n’est pas pieds nus.

Les rencontres sont plus simples et les opportunités d’emplois sont nombreuses. En 6 mois ici, on m’a offert spontanément cinq jobs ! On fabrique son réseau en soirée ou sur la plage plutôt que dans des afterworks parisiens rigides. Et apparemment, c’est plus efficace pour se révéler ! On est moins stressés, plus détendus, et de fait, on brille plus.

Cette ambiance permet aussi de mettre en place les projets les plus fous. Les idées les plus innovantes prennent sens dans cette petite île qui concentre à la fois des esprits brillants venus du monde entier et des portefeuilles volumineux prêt à soutenir une idée bien vendue devant un sunset au Kudeta. Et tant qu’investisseur il y a, l’administration indonésienne fait la révérence au moindre projet.

Les concepts les plus fous ont ainsi pu voir le jour : des écoles zéro déchet en bambou aux autoroutes immenses traversant les eaux. Le plus beau comme le plus sale peuvent pousser dans cette île très humide. Et la plupart du temps, c’est un mélange de bambous et d’orties entortillés étroitement que l’on retrouve : rien ne peut être tout blanc !

Pour les jeunes esprits naïfs et utopistes comme le mien, c’est un arc-en-ciel d’opportunités. Au bout de six mois de stage à Bali, j’ai trouvé un emploi sur place. Enfin, un emploi m’a trouvé plus exactement ! Je ne cherchais rien de particulier, je comptais rentrer en France finir mes études. J’avais même hâte de retrouver ma famille, mes amis, mes bottes en cuir et les bibliothèques aux odeurs d’université. Mais je suis tombée amoureuse. Un véritable coup de cœur pour un projet. Je n’ai même pas eu à demander le poste, on me l’a tendu sur un plateau. Je vais pouvoir travailler sur un projet dans lequel je crois, dans des conditions de vie paradisiaque et avec un salaire correct. Tout cela sans diplôme, sans recommandations, sans « cinq ans d’expériences dans le même domaine », uniquement grâce à une discussion sans tabou et une rencontre inattendue.

J’ai eu de la chance et la magie de Bali a opéré. Alors évidemment, on en reparle dans un an quand je serai en burn out et que je rêverai de fromage les yeux ouverts ! Mais pour l’instant, je suis sur mon petit nuage et malgré les conditions parfois très limites des stages, je continuerais à conseiller un passage prolongé sur l’île des Dieux à la jeunesse en quête d’aventure et d’occasions hors du commun.

Une ancienne stagiaire

Les effluves de la décharge de Suwung se répandent jusqu'à Kuta

Un voyageur qui séjourne régulièrement à Kuta se plaint des odeurs nauséabondes de la décharge de Suwung qui, quand le vent souffle de l’est, arrivent jusqu’à Kuta. Notons sur ce dossier qu’après des années d’inaction et une dispute sans fin avec la société de retraitement qui devait gérer le site, il semblerait qu’une solution soit en vue avec l’attribution d’un nouveau contrat d’exploitation de la décharge à une société allemande…

Vous avez bien dû remarquer que depuis mi-mars, le vent est E.S-E et très souvent, peut-être même toutes les nuits, les odeurs de la décharge de Suwung arrivent jusqu’à Kuta. J’étais là en mai 2016 et plein d’autres fois, 57 séjours plus ou moins longs, et je n’avais jamais noté. C’est surtout perceptible la nuit quand il n y a pas de vent et de gaz d’échappements pour couvrir les odeurs ! Que font les autorités ? Je suppose : rien. Et les touristes sont assez stupides pour  considérer cela comme normal. Ou ne pas revenir. Pour moi, je crois que c’est un peu le bout du bout. Des ordures partout, c’était déjà difficile mais les odeurs, ça fait beaucoup. Ce courrier pour info, au cas où vous n’auriez pas perçu le problème dans le cas d’une résidence en dehors de cette zone. Il est étonnant de noter que, par une certaine curiosité du destin, cette zone va peut-être redevenir maudite, ce qu’elle était en fait déjà avant le tourisme. Salutations.

Denis Desieres

Avec un seul nom, pas facile de voyager sur Etihad


Un lecteur nous fait part d’une mésaventure qui est arrivé à sa petite amie indonésienne lors d’un voyage en avion pour la seule raison qu’elle ne possède qu’un nom, une particularité d’état civil pourtant bien répandue en Indonésie…

Bonjour, voici mon histoire… Faites attention à ces 2 compagnies. Ma petite amie a eu un gros problème sur ce vol : 6071354502469, réservation (PNR) ZTBVPA. J’avais réservé pour ma petite amie un billet par Internet par l’intermédiaire de Kiwi.com. La particularité de ma petite amie indonésienne, il n’y a pas de prénom sur le passeport, donc sur la case prénom, j’avais précisé : no first name.  Ce qui correspond à ce qui est sur le passeport, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de prénom. De Bali, via Kuala Lumpur, pas de problème avec Air Asia qui l’a embarquée. Tout s’est compliqué avec la compagnie Etihad Airways  à Kuala Lumpur, qui n’a pas voulu l’embarquer sur son vol pour ce petit détail. Elle est restée en larmes, avec un stress pas possible, coincée en transit avec un téléphone en panne et presque plus d’argent. Au moins 30 heures sans manger, sans dormir. C’est un passager qui lui prêtait son téléphone pour communiquer avec moi.

La compagnie Etihad Airways m’a conseillé de lui acheter un 2ème billet d’avion en précisant qu’il fallait inscrire sur le billet de réservation - ce que je ne savais pas - 2 fois le même nom, ce qui en fait ne correspond pas à ce qui est écrit sur le passeport, où il n’y a que le nom de famille et le n° de passeport. Et là, surprise, Etihad Airways l’embarque à bord. Je peux comprendre que la compagnie Etihad Airways ne l’ait pas embarquée s’il y avait eu une faute d’orthographe sur un nom ne correspondant pas au passeport mais là, ce n’est pas le cas. Quand on réserve un billet, il est demandé le n° de passeport dès l’instant ou ce n° est conforme, pourquoi refuser la passagère ? Je ne vous parle pas du stress pour ma petite amie et moi-même, elle n’a pas dormi pendant au moins 30 heures, et pour ma part 24 heures.

Kiwi.com et Etihad Airways se rejettent la responsabilité, donc attention avant de réserver auprès de ces 2 compagnies. De nos jours, presque tout se réserve par Internet : les compagnies aériennes, les trains, les hôtels, etc. sont bien contents de travailler avec ces sites Internet sinon ils ne signeraient pas d’accord avec eux. Je suis allé voir Air France, ils m’ont expliqué qu’il y a souvent des erreurs dans les réservations. Dans ces cas-là, ils rectifient d’eux-mêmes ou contactent l’agence de réservation pour leur demander de modifier la réservation. Dans mon cas, Air Asia, avec la même réservation, par la même agence, n’a pas fait de problème. Etihad Airways n’a rien voulu savoir. S’ils reçoivent une réservation non conforme à leurs règlements, à eux de refuser la vente auprès des agences, mais là, ils ont accepté l’argent mais ont refusé de l’embarquer à bord.

Voilà la réponse de Kiwi.com qui a déjà été confronté à ce genre de problème :
Cher Pierre Debucois, merci de votre message. Nous avons déjà eu des cas quand il fallait réserver des billets pour des personnes qui n’avaient que le nom de famille. La plupart des compagnies aériennes demandent d’écrire le même nom deux fois. Cependant, chaque compagnie aérienne a ses règles pour de telles situations et il vaut mieux de le préciser à l’avance. Veuillez noter que nous avons appliqué pour le remboursement des frais d’aéroport avec la compagnie aérienne Etihad Airways. Nous avons été informés que le montant remboursable serait à peu près 239 EUR (le frais de service de Kiwi.com a déjà été déduit). Afin de recevoir le remboursement, on vous prie de remplir le « Formulaire de demande de remboursement » dans la section « Gérer ma réservation » sur notre site. Le formulaire se trouve en bas de la page. Nous devons vous prévenir que le processus de remboursement peut durer jusqu’à 30 jours ouvrés. Nous vous remercions d’avoir choisi nos services. Si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à nous contacter. Notre service client est ouvert 24/7. Cordialement. Alina Bernadska. Consultant de voyage. Kiwi.com.

Pierre Debucois

Montée de l'intolérance dans le pays

Un lecteur indonésien de la Gazette de Bali s’inquiète de la montée de l’intolérance dans le pays…

Chère équipe de la Gazette de Bali, merci de dénoncer sur votre page FB ou dans le journal tous les abus des droits humains. J’ai été sensible ces derniers temps à ce que vous avez écrit sur les homosexuels fouettés en public à Aceh, le gouverneur de Jakarta ou bien la diversité des origines des gens de notre Archipel. Nous sommes inquiets en ce moment de la montée de l’intégrisme. Il y a une vraie montée de la violence au nom de la religion. Parce que les musulmans sont majoritaires en Indonésie, une petite poignée de fanatiques essaient de faire croire qu’une majorité de musulmans veulent établir la charia dans notre archipel. C’est faux !
L’emprisonnement de notre gouverneur de Jakarta a fait bouger cette majorité silencieuse, nous avons été nombreux à descendre dans les rues pour le soutenir pendant le procès mais aussi le soir où il a perdu son procès. Nous étions des milliers dans les rues avec des bougies pour lui manifester notre soutien.
Ce qui s’est passé lors du procès d’Ahok concerne toute l’Indonésie et son futur. Il y a une vraie incitation à la haine contre les minorités, les gens ont été grossièrement manipulés par Facebook et Internet. Pourtant, Ahok a été un gouverneur exceptionnel, il a donné de l’espoir aux gens avec tous ses chantiers et ses projets pour une vie meilleure mais il nous a aussi donné de l’espoir dans la classe politique.
Des gens mal intentionnés œuvrent en ce moment pour mettre à bas notre NKRI [ndlr : Negara Kesatuan Republik Indonesia], les principes fondateurs de notre pays et instaurer la charia, j’en ai la conviction et ça ne date pas d’hier. Dans les années 90, quand j’étais au collège à Jakarta, c’était frappant de voir certains élèves traiter leurs camarades de kaffir parce qu’ils ne pratiquaient pas la religion comme eux, ou bien parce qu’ils étaient d’une autre religion.
Ce qui me rassure un peu dans cette période angoissante, c’est que je lis et je vois beaucoup de personnes, y compris des musulmans, parler de diversité et de respect, j’espère au moins que la triste destinée d’Ahok servira à réveiller mon peuple.

Un citoyen indonésien

Stagiaires français à Bali, une espèce maltraitée en voie de développement à Bali


Notre stagiaire Cassandre Bachellier a écrit ce courrier sur les nombreux stagiaires qu’elle a rencontrés à Bali, s’étonnant qu’ils soient quasiment tous français, fréquemment livrés à eux-mêmes et bien souvent sans encadrement compétent et responsable. Des stagiaires qui seraient selon elle une « espèce maltraitée en voie de développement » à Bali…

Il y a quelques semaines, j’ai déménagé de mon petit kost à un million cinq vers une guesthouse un peu plus classe : une grande piscine, un jardin bien entretenu et une quarantaine de chambres à des prix variant entre 3 et 6 millions par mois. Cette luxueuse transition ne m’a pas seulement permis de découvrir les coutures du fond de mon porte-monnaie, elle m’a aussi offert l’accès à un filon inattendu pour moi : la manne des stagiaires français ! Alors, entendons-nous bien, j’avais croisé cette espèce à de nombreuses reprises depuis mon arrivée. Ils sont nombreux et un mouvement de migration instinctif les concentre tous dans les alentours de Canggu. Pourtant, je n’avais pas encore mis le doigt sur leur nid et voilà que je me retrouve en plein cœur de leur territoire ! Une chambre sur deux est occupée par un stagiaire français, et évidemment ils connaissent tous leurs congénères, ce qui m’a permis de visiter de nombreux nids.

Le stagiaire est mal ou pas du tout payé et pourtant il conserve une certaine notion du confort : la piscine est presque toujours un impératif, tout comme la femme de ménage et la climatisation. Deuxième point marquant : il a fait de bonnes études. Commerce, tourisme, droit, stylisme… de bonnes écoles et de bons élèves. Pourtant, il n’a étonnement pas toujours obtenu des postes très intéressants ici. J’ai d’ailleurs souvent entendu une phrase revenir : « Moi, j’ai choisi la destination avant le stage, j’ai pris le premier que j’ai trouvé. » L’espèce accepte globalement de dévaloriser ses compétences pour assurer sa présence sur Bali… Il est d’ailleurs courant de rencontrer des couples de stagiaires qui pour rester ensemble ont pris n’importe quel stage.

Cette demande massive, de qualité et très peu regardante, offre aux employeurs installés à Bali une main d’œuvre bon marché et souvent polyglotte. Cette demande abondante couplée à son absence totale du droit du travail indonésien (notamment pour la raison que le travail du stagiaire étranger n’existe pas ici… celui-ci ne fait officiellement qu’observer !) ainsi qu’au sentiment de « self-made man » qui ne doit rien à personne développé par les entrepreneurs de Bali, font qu’il est courant d’entendre des histoires qui nous paraitraient aberrantes en France. Le contrat moral conclu entre le stagiaire et l’employeur – une main d’œuvre à très bas prix en échange d’un apprentissage - n’est que très rarement respecté. Certains par exemple se retrouvent à tenir le rôle de central téléphonique de démarchage à longueur de journée sans même avoir l’occasion d’assister aux rendez-vous une fois le client appâté. D’autres, au contraire, se voient confier des responsabilités surdimensionnées qui les placent souvent dans des situations complexes et dangereuses pour leur séjour en Indonésie. C’est le cas de deux stagiaires que j’ai rencontrés qui ont la charge d’un hôtel entier. Leur patron ayant décidé de prendre de longues vacances et de profiter de ces managers improvisés à qui, en plus de ne leur verser aucune rémunération, il peut extirper chaque mois le prix de la location de leur chambre. Et oui, c’est ça le charme de Bali, il est possible d’engager de jeunes étudiants dynamiques et de les faire payer pour gérer votre business à votre place !

Quand salaires il y a, ils ne dépassent que très rarement 2,5 millions par mois, et il est très courant qu’ils ne soient pas du tout rémunérés. Il arrive même que de nombreuses déductions s’appliquent pour les congés pris (moins 300k pour une absence d’une journée… de quoi voir disparaître un mois de salaire pour une semaine de vacances !) ou encore pour les retards ! Certains se voient contrôlés à la minute près et voient leurs retards cumulés adressés dans des réunions mensuelles de recadrage genre : une demi-heure de retard cumulé ce mois-ci mademoiselle ! De plus, ni fête de l’armistice ni célébrations hindouistes, les stagiaires de Bali ne peuvent se réclamer d’aucune nationalité quand il s’agit d’être éligible aux jours fériés. 

Pas uniquement appâtés par les plages de l’île des Dieux, les jeunes étudiants sont aussi attirés par la masse d’emplois et d’opportunités qu’offre l’activité touristique balinaise. C’est les yeux pétillants et le crâne chargé de promesses d’emplois qu’ils se rendent sur l’île. Ils y trouvent parfois des entreprises qui ont fermé une semaine avant leur arrivée sans avoir pris la peine de les prévenir ou des maitres de stages qui n’ont même pas fait l’effort d’analyser les couts d’un Kitas avant d’avancer la possibilité d’un emploi futur. Tout cela fait que les stages se transforment plus souvent en fête de six mois, entre détente au bord de la piscine et découverte de la scène nocturne balinaise. On y apprend plus à gérer les videurs indonésiens, à négocier le prix de location des planches de surf et compter ses brochettes de sate en bahasa Indonesia qu’à faire de la compta ou de la gestion de projet !

Alors, heureusement, il y a de nombreuses exceptions ! Je connais aussi beaucoup de stagiaires qui sont ravis de leurs responsabilités, des maîtres de stage qui ont à cœur d’enseigner leur mode de vie à leur stagiaire, que ce soit au niveau professionnel ou de la découverte de Bali. Il y en a qui prennent le temps d’enseigner et d’écouter, d’autres qui acceptent de considérer leur stagiaire comme quelqu’un de capable d’avoir une opinion intéressante et de prendre des décisions seul, ou encore qui leur reconnaissent le droit de prendre des vacances ou de profiter des jours fériés pour découvrir l’Indonésie de temps à autre.

Il n’y a pas de recette parfaite et le traitement des stagiaires en France n’est pas non plus toujours exemplaire. Je trouve cependant étonnant que les expatriés, ayant choisi Bali précisément pour cette absence de carcan réglementaire mais aussi pour la douceur de vivre, pour la tranquillité et la souplesse de l’emploi, n’aient pas envie de transmettre tout cela dans leur leadership. Pas de lois, pas de droits, pas de protections. Vous me direz que c’est pour cela que les gens viennent à Bali et que c’est comme ça que se forme la jeunesse. Personnellement, je trouve que c’est un fonctionnement archaïque. La liberté qu’offre Bali et qui permet la création de nombreuses startups innovantes, solidaires et inquiètes de leurs impacts sur l’environnement devrait aussi pouvoir permettre de participer à la création d’une nouvelle forme de management basée sur la liberté, la responsabilisation, le respect et la reconnaissance. La flexibilité n’a pas forcément pour seule réponse l’exploitation. C’est à nous tous de créer un marché équitable et raisonnable, que ce soit pour nos fruits ou nos stagiaires !

Cassandre Bachellier
Et puisque la France est en plein dans les élections présidentielles, nous vous proposons une lecture édifiante sur l’avenir (sombre) de nos démocraties, - devrait-on dire « de nos vies » tout court ?- à cause de tous ces GAFA et NATU, ces géants du web qui savent tout sur nous et qui ont le pouvoir de tout contrôler, à la fois au niveau des individus mais aussi des communautés…

Aujourd’hui dimanche 23 avril est jour d’élection en France. J’ai fait mon devoir consciencieux de citoyen en glissant un bulletin dans l’urne ce midi, j’ai pris ma décision dans l’isoloir, j’hésitais entre le vote utile et celui qui se trouvait le moins loin de mes convictions. Mais ma conviction profonde, c’est que les hommes politiques maitrisent de moins en moins notre devenir, celui de nos pays et bien au-delà le devenir de l’humanité toute entière. J’ai été conforté dans cette idée dernièrement par un livre prêté par un ami de Sanur intitulé « l’Homme Nu » écrit conjointement  par le journaliste Christophe Labbé et l’écrivain Marc Dugain. Cet essai de moins de 200 pages nous parle des GAFA et des NATU ou comment Google, Amazon, Facebook et Apple puis dans un second temps Netflix, AirBnb, Tesla et Uber ont changé irrémédiablement en moins de 15 ans le devenir de l’humanité et notre société. Or je n’ai trouvé presqu’aucune réponse à toutes les questions que pose ce livre pour notre avenir dans le programme des 11 candidats à l’élection présidentielle française.

L’un des points abordés dans ce livre, c’est que d’ici 20 ans, plusieurs études concordantes prouvent qu’environ 50% des emplois auront disparu, quasiment tous ceux des classes moyennes y compris journalistes et médecins et qu’il ne restera plus que des sales boulots mal payés ou bien des jobs à très haute valeur ajoutée requérant créativité et communication. Le progrès ne crée plus d’emplois et ce n’est pas la perspective d’un petit revenu universel de subsistance qui peut nous réjouir.

Un autre point, c’est l’incidence des tablettes sur le développement des enfants. Alors que tous les gosses des cadres de la Silicon Valley sont éduqués à l’ancienne dans une école Waldorf où l’ordinateur est prohibé jusqu’à l’âge de 14 ans, des études très sérieuses prouvent que les tablettes provoquent des troubles de l’attention, des retards de langage, entrave le principe de causalité et cause la perte de la notion du temps, une altération de la motricité fine et globale et nuit à la socialisation. Pourtant, la ministre actuelle de l’Education française a lancé un grand plan d’investissement pour équiper toutes les écoles avec ces fameuses tablettes.

Environ 80 % de toutes nos lectures, de nos recherches, de nos requêtes sur nos téléphones portables, nos liseuses et nos ordinateurs sont stockés dans la mémoire des méga-ordinateurs de ces entreprises de big data, d’où le titre de ce livre qui met en lumière le fait que nous n’avons jamais été autant espionnés et mis à nu. Elles permettent ensuite à ces entreprises qui se revendent les données de mieux nous cibler et de nous enfermer dans des bulles. Qu’on nous propose une publicité pour le sac à dos de nos rêves parce que nous avons parlé avec un ami il y a deux jours d’une rando sur un email, ça ne pose pas de problème mais ça doit nous mettre la puce à l’oreille. Si on est malade et que l’info est revendue à une assurance… Si on veut garder un tant soit peu privées nos affaires et notre vie alors que tout, absolument tout, est enregistré et peut être utilisé à notre encontre des années plus tard, alors, il est nécessaire de s’insurger contre cela sans renier le formidable outil que représente Internet.

La dernière partie du livre étudie les domaines dans lesquels ces grandes entreprises, qui sont devenues plus puissantes que les états, ont investi… et ça fait froid dans le dos. Si vous n’avez jamais entendu parler de transhumanisme, vous allez en comprendre les mécanismes. On étudie comment nous greffer de la mémoire et on greffe déjà des membres directement au cerveau, l’intelligence artificielle a fait tellement de progrès que les ordinateurs sont maintenant auto-apprenants et nul doute qu’ils nous dépasseront un jour très prochain. Dans la mesure où ces GAFA et ces NATU, grâce à Internet, ne sont plus limités par les frontières ni par aucune législation, les hommes politiques n’ont plus aucun pouvoir sur elles.

J’ai bien sûr beaucoup pensé à cette phrase de Rabelais en lisant ce livre : « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » et nos politiques actuels sont complètement dépassés par ces enjeux, ils ne sont préoccupés que par leurs carrières et la manière de se faire offrir des costumes à 6000 euros pièce. C’est à nous, citoyens de nous mobiliser sur ce sujet. Je me propose de le prêter à ceux qui m’en feront la demande.

Socrate Georgiades

« L’Homme Nu, la dictature invisible du numérique » de Marc Dugain et Christophe Labbé, Ed. Robert Laffont et Plon. 196 pages, 17.90 euros.

la mafia des transports à Ubud

Bien, nous ne le savions pas encore mais il n’y a pas que les touristes qui se plaignent de l’absence de solutions de transport décentes à Bali…

Je suis indonésienne, je vis à l’ouest d’Ubud dans le quartier de Kedewatan et je voulais attirer l’attention des autorités et des touristes sur la difficulté à trouver un transport à bon prix sur Ubud. Rappelons d’abord qu’il n’y pas de transport public à Ubud, dans une ville qui attire chaque année des milliers et des milliers de touristes. Non seulement on ne peut pas faire appel à une  compagnie officielle de taxis du type Blue Bird, ni à celles on line du genre Gocar, Uber ou Grab mais les services de moto-taxis du type Gojek sont aussi interdits d’accès sous prétexte de protéger le marché des transports locaux. Or les transporteurs locaux ne sont pas professionnels, il est presque impossible de les joindre par téléphone mais en plus ils pratiquent des tarifs prohibitifs.
J’ai quand même réussi à trouver des numéros de téléphone de taxi-moto par la page FB Ubud Community mais les gars ne sont pas fiables, ils arrivent avec une heure de retard, transmettent l’info à un copain encore moins fiable qui ne vient pas et demandent par exemple 75 000rp pour se rendre à Singapadu, 150 000 pour se rendre à Kuta.
Je voudrais rappeler par exemple que le voyage Kuta – Ubud en Gocar coûte 118 000rp.
C’est non seulement étonnant que les autorités ne prennent pas plus soin des touristes et les laissent aux mains de ce qui ressemble vraiment à une mafia locale, mais pour nous aussi, Indonésiens de souche, ça pose vraiment un problème. Je sais qu’un journal français ne peut rien faire pour améliorer ma situation mais j’espère au moins que vous m’offrirez une tribune pour témoigner de mon exaspération. Bien à vous et merci pour votre journal,

Dina

harcèlement pécuniaire à Kayuputih

Un lecteur nous fait part du harcèlement pécuniaire dont il fait l’objet dans le village de Kayuputih, près de Lovina. Une forme de racket plutôt ordinaire à Bali…

Bonjour, je suis Joël Le Bail, je viens de faire construire une maison sur les hauteurs de Lovina, à Kayuputih. J’avais acheté une petite maison à Kaliasem lorsque je travaillais à l’ambassade, nous étions bien intégrés au quartier et personne ne nous harcelait pour obtenir de l’argent. Mon épouse indonésienne souhaitant habiter une maison dans la montagne, nous avons donc déménagé à Kayuputih il y a 2 mois. Depuis, nous sommes harcelés par de soi-disant représentants du village pour payer de soi-disant impôts locaux. Nous nous sommes acquittés du versement de l’IMB et de la taxe foncière, payés à des organismes officiels, mais ce que j’appelle la mafia locale nous harcèle pour payer une taxe « nouveaux habitants » et des taxes pour diverses activités dans 3 villages, soit 3,8 juta, plus 750 000rp pour Nyepi... Jamais nous n’avons eu à payer de telles taxes lorsque nous vivions à Kaliasem, à 2km de notre maison actuelle. Ces taxes sont-elles légales ? Cela me fait penser à la Corse. Pouvez-vous me conseiller ? Bien cordialement.

Joël Le Bail

La réponse de la rédaction…
Bonjour Joël, merci pour votre courrier. Oui, votre cas n’est pas isolé. Plusieurs cas identiques au vôtre me sont remontés, ça dépend à la fois des banjar et de la solvabilité supposée des clients. Ce week-end, on m’a précisément parlé d’un couple de Chinois, elle est indonésienne et lui est de Chine, ils sont aisés et les pecalang les ont carrément empêchés de rentrer chez eux sous le prétexte qu’ils n’avaient pas acquitté une taxe au banjar. Me permettez-vous que je publie votre courrier, si besoin en dissimulant votre nom et le nom du village, pour essayer de faire remonter de l’info et peut-être trouver une solution ? Bien à vous.

Socrate Georgiades


Enfin, dernier retour de la personne…
Bonjour, merci de votre réponse si rapide et de votre souci de nous aider. Bien entendu, vous pouvez publier mon courrier. Je sais qu’un retraité « bule » apparait aux yeux de certains comme quelqu’un de riche. J’ai consacré toutes mes économies à la construction de cette maison et je n’ai plus de quoi acheter une voiture… je ne suis pas un riche bule mais je ne me plains pas, j’assume mes choix de vie ; j’emploie 2 personnes du village comme je m’y étais engagé auprès du Lurah... mais je ne veux pas céder à l’extorsion de fonds. Les mafias prospèrent car beaucoup de gens se laissent
faire ; solidarité oui, racket non. C’est contraire à mes idéaux. J’aurais accepté si cet argent avait été redistribué aux pauvres de la commune ; mais ce n’est pas le cas (j’ai interrogé mes voisins avec qui j’ai de bonnes relations). Merci du temps que vous me consacrez, mettant en pratique les principes de fraternité. Bien cordialement.

Joël Le Bail

In memoriam

Eugène Baikoff nous a quittés le 22 janvier dernier dans sa 92ème année. Un cancer en phase terminale s’était déclaré au mois d’août et a mis un terme à ses 60 ans de carrière en tant qu’ingénieur structure. Il a refusé tout traitement et chimiothérapie et a pris en main le traitement de sa maladie avec une remarquable clarté d’esprit, pragmatisme et honnêteté. Sa dernière volonté était une crémation sans aucune cérémonie religieuse, elle a été respectée.

Bons vents Eugène!

LIberté de ton

Comme il arrive régulièrement depuis la création de la Gazette, un lecteur s’étonne de notre liberté de ton. C’est oublier que l’Indonésie est une démocratie depuis presque vingt ans maintenant, avec une liberté d’expression garantie, ce qui est tout à l’honneur du pays…

Bonjour à toute l’équipe du journal. Je viens de découvrir la Gazette et je suis ravi de pouvoir lire des articles en Français sur les événements de la vie à Bali, ainsi que ceux du pays en général. Je dois vous avouer qu’en tant que résident retraité, ma surprise fut grande de découvrir tout ce qui se passe en actualités, (politique, justice, etc...).  Mon rêve est brisé... Je me suis même posé la question de savoir s’il n’était pas dangereux pour les journalistes et la Gazette de publier ces articles documentés, sans problème, sans censure. Je suis en admiration que ça marche. Merci pour votre excellent travail journalistique. Cordialement.

Wayan JC (Jawa)


La réponse de la rédaction…

Bonjour et merci pour votre courrier et vos félicitations. Parce que nous sommes étrangers et souvent isolés dans notre bulle linguistique et culturelle, nous sommes quelquefois un peu coupés du pays dans lequel nous avons élu domicile. C’est donc notre travail que de vous informer de l’actualité très riche de ce pays. Comme dans la plupart des pays du monde, l’actualité est souvent noire, voilà pourquoi par exemple nous avons décidé de passer les infos les plus anxiogènes uniquement sur notre fil d’actualité Twitter, nous les avons presque toutes supprimées de notre compte Facebook et du journal papier.

Relayer l’info est un métier difficile, il faut choisir et hiérarchiser. Ne pas être béni oui-oui en ne passant que des infos positives, ne pas jouer les jeux du cirque et attiser le goût du sang en ne passant que des infos anxiogènes et sanguinolentes. Pour nous qui vivons à Bali, dans la première destination touristique du pays, c’est un souci quotidien que de jouer avec cet équilibre subtil pour donner l’image la plus vraie et juste du pays sans angoisser nos visiteurs et les résidents qui ont décidé de s’y fixer. C’est une vraie responsabilité parce que les acteurs du tourisme (hôteliers, voyagistes...) et les gens de l’office du tourisme de l’Indonésie souhaiteraient bien évidemment nous voir plutôt faire rêver les touristes et relayer une image de magazine papier glacé du pays. On nous lit, on nous scrute, on nous observe en haut lieu, à Denpasar, Jakarta et Paris mais nous n’avons jamais eu de pression ni de censure ni de procès en presque 12 ans d’existence. Mais il est vrai que nous prenons les devants, nous nous auto-censurons sur quelques sujets très sensibles et nous documentons toujours nos articles en citant des sources journalistiques indonésiennes. Il est vrai aussi que notre sensibilité occidentale nous fait voir les choses d’une manière différente qui ne peut pas être exprimée publiquement ici au risque de froisser la sensibilité et la fierté nationales, nous en avons conscience et respectons les Indonésiens qui nous accueillent dans leur pays.

Les autorités ont sans doute conscience de la justesse de notre démarche et du fait que nous ne franchissons jamais les limites (disons plutôt, presque jamais). Notre action journalistique et culturelle, notre quête d’une image la plus exacte de ce pays, contribuent certainement à promouvoir et valoriser Bali et l’Indonésie plutôt qu’à noircir sa réputation... car nous sommes avant tout de vrais amoureux de l’Archipel ! Bien cordialement et bonne lecture.

Socrate Georgiades
Une belle initiative des enfants du Lycée français de Bali avec Bali Sea Turtles et Ticket to the Moon…

Chers insulaires ! Afin de préserver les océans, le Lycée français de Bali s’associe avec Bali Sea Turtles et Ticket to the Moon dans l’optique de promouvoir le développement durable qui est un enjeu majeur dans les objectifs de l’école. Voient le jour au sein de l’école de nombreux projets humanitaires axés notamment sur l’eau. Le mois dernier, la classe de 4ème a participé au lâcher de bébés tortues tout juste sortie de l’œuf organisé par l’association Bali Sea Turtles. Tout au long de l’année, des bénévoles s’occupent du ramassage des œufs exposés aux dangers des plages. Les tortues nées sur une plage reviennent pondre au même endroit, c’est pourquoi leur avenir est mis en péril par l’accroissement du tourisme et des animaux errants. De plus, d’autres dangers restent à braver une fois à l’eau : le plastique et les déchets en général... Environ 1 tortue sur 1 000 survivra, il est donc impératif de les préserver.

L’association a pris de la notoriété et bénéficie aujourd’hui de l’aide de nombreux bénévoles également locaux qui peu à peu prennent conscience de l’impact important  qu’une petite action peut avoir. C’est pourquoi nous voulons leur venir en aide avec la vente de sacs. Ceux-ci sont fabriqués à partir de toile de parachute fournie par Ticket to the Moon et sont particulièrement pratiques et résistants. Les objectifs de ce projet sont de sensibiliser et de mobiliser par le biais de la communication contre l’utilisation des sacs plastiques. Les fonds récoltés seront reversés en majeure partie à l’association Bali Sea Turtles et permettront aussi à notre classe de partir en mission-sauvetage des eaux balinaises. Adhérez à notre cause et unissons-nous pour construire un futur plus durable !

Les élèves de Terminale.
Noémie, Camille, Chan, Balthazard et  Jasmine

Casse-tête administratif avec l'ambassade

La demande de visa pour la France est-elle trop compliquée depuis l’Indonésie ? C’est la question que pose cette personne qui incarne un cas particulier mais qui n’est pas non plus exceptionnel : elle est étrangère non ressortissante de l’Union Européenne en France, où elle réside, n’a pas de Kitas ici et n’est pas non plus indonésienne… 

Alors qu’avant l’Ambassade de France à Jakarta recevait directement les demandes de visa, aujourd’hui le service est délocalisé et le traitement est confié à une entreprise intermédiaire qu’on appellera T. T est une entreprise indonésienne qui reçoit les dossiers et les transmet à l’ambassade. Soulignons toutefois que les demandeurs n’ont aucun contact direct avec l’ambassade. Impossible de poser une question quelconque ou appeler pour des renseignements, on nous envoie directement à T. Mais qu’en est-il de T ? Sont-ils assez compétents pour des questions plus complexes qui touchent directement aux lois françaises ? Savent-ils faire face à des cas qui sortent du schéma habituel ? Enfin, arrivent-ils à communiquer efficacement avec l’ambassade ?

Selon le règlement, seule une personne de nationalité indonésienne ou résidente ici avec un Kitas peut demander le visa pour la France à l’Ambassade de Jakarta. Il existe toutefois une dérogation si la personne en question peut justifier d’une raison urgente de retourner en France et ne peut pas demander le visa depuis son pays d’origine. Mais bien que le cas particulier soit précisé sur le papier, l’entreprise T sait-elle le mettre en pratique ?

Résidente en France depuis 8 ans avec un titre de séjour renouvelable d’1 an, j’ai dû partir en Indonésie pour 6 mois sachant que mon titre de séjour expirait avant mon retour en France. La préfecture de Paris m’a gentiment précisé que je peux demander mon visa de retour sans problèmes à l’ambassade de France. C’est là que toutes les péripéties ont commencé. Après plusieurs échanges au téléphone avec T, j’arrive à prendre rendez-vous en précisant que je ne possède pas de Kitas en Indonésie. Arrivée sur place depuis Bali, je suis confrontée à un retournement de situation : « Mademoiselle, on ne peut pas accepter votre dossier puisque vous ne rentrez pas dans les critères habituels. » Inutile de leur expliquer que j’ai tous les justificatifs nécessaires pour prouver que je réside en France de manière permanente, ils ne comprennent pas et ne veulent pas m’écouter. Ils paniquent et m’envoient à l’ambassade pour que j’explique moi-même la situation en me précisant qu’« on m’attend à l’ambassade ».

Qui ? Où ? Je n’en sais rien. Arrivée devant, je bataille pendant 20 minutes pour pouvoir entrer puisque personne ne semble être prévenu de mon arrivée. On remarque déjà un léger problème de communication. Après de longues explications au garde, j’entre dans le service de visa. La réceptionniste indonésienne m’explique en français sans vraiment comprendre ma situation que la responsable des visas n’est pas là aujourd’hui. C’est là où je me dis que T s’est débarrassé de moi car ils ne savent pas comment gérer le problème, de vrais professionnels ! En insistant, j’arrive enfin à parler avec une personne française qui me comprend un peu mieux. Elle m’annonce alors que dans quelques heures, elle contactera la responsable pour pouvoir discuter de mon cas (qui, j’insiste encore, est bien prévue dans la loi !) qui a son tour donnera des directions à T. Entre l’avion dans 5h et l’incertitude d’obtenir mon visa de retour, je ne sais pas ce qui est pire. Finalement, la responsable donne le feu vert à 2h de l’heure du vol et mon dossier est accepté par T. Autonomie de la part de T : 0 !

Je croyais que tout ceci allait être fini et que j’allais recevoir mon passeport dans 15 jours (délai maximal de traitement de demande). Grosse erreur ! Dix jours plus tard, on me demande d’envoyer mes relevés bancaires sans me préciser à quelle adresse. J’envoie à deux adresses email de l’ambassade et à l’adresse de T. Les jours qui suivent, je n’ai aucune nouvelle et le dossier n’avance pas. Je ne sais pas si les papiers sont bien reçus ou non. T me dit qu’ils n’ont pas la réponse, l’ambassade me dit qu’ils vont me répondre. Je les appelle tous les jours et j’ai toujours la même excuse. Je n’ai d’ailleurs jamais reçue la réponse promise de l’ambassade. Les deux instances ont passé leur temps à se renvoyer la balle sans vraiment connaître le rôle de chacun dans l’affaire. Comment l’ambassade peut-elle se déresponsabiliser de toutes questions techniques en mettant tout sur le dos d’une entreprise non compétente à cet égard ? Est-ce que ça suffit de parler français pour comprendre les subtilités administratives ?

Mon expérience a démontré des vraies failles dans ce système de communication administratif, un vrai manque de sérieux et l’inefficacité du traitement. J’avais comme l’impression de faire ma demande en ligne sauf que la case pour cocher mon cas ne fonctionnait pas et le bouton d’aide ne figurait pas sur l’écran.

Renouvellement laborieux d'un visa tourisme

Les péripéties d’un renouvellement de visa tourisme​. Si on arrive à Bali pour y passer 30 jours, le visa est gratuit pour les Français et de nombreuses nationalités. Mais si on veut rester plus de 30 jours, il faut payer son visa à l’arrivée ainsi que le renouvellement pour les 30 jours suivants. Cette touriste, qui souhaite rester anonyme, nous livre la petite chronique de ses trois allers-retours au bureau de l’immigration…

Arrivée aéroport, je paye un visa normalement gratuit la somme de 440 000rp pour un mois et un ticket autorisant le prolongement d’un mois, on m’annonce que ceci me coûtera seulement 330 000rp. ​Lundi 22. Je me rends donc au bureau de l’immigration à Nusa Dua, un jeudi matin 3 semaines après​, la fleur au fusil​, avec passeport et le fameux stamp déjà dans le passeport. 30 mn de voiture plus le péage deux fois pour le nouveau bureau super moderne avec plein de tableaux​ d’affichage pour tous les numéros en attente, des hauts parleurs qui hurlent et scandent les numéros qui s’affichent (on se demande pourquoi deux opérations !)​.​ Pas mal organisé mais toujours un monde fou. Des gens de tous âges et conditions, des jeunes en petite tenue très légère, et je me souviens de l’époque où il était interdit d’entrer en short et débardeur... Des vieux retraités visiblement, des cannes et des cheveux blancs, je reconnais quelques kitas aussi. Moi je suis une nouvelle touriste !

Pour le touriste lambda qui veut dépenser son argent un mois de plus en Indonésie, il faut : le passeport, le billet retour, la fiche à remplir avec un millier de question​s​. Evidemment, comme j’avais ​pas tout, le toko du coin te fournit​ Internet et photocopie, ouf ! 20 mn. J’y retourne, et je fais la queue 45mn​. Un taré qui parle pas mais qui hurle, m’engueule parce que j​’ai pas rempli l’adresse de ma famille dans mon pays d’origine (????). Et où j’habite ici ? H​ôtel ? Villa ? Ah, chez des amis... Honnêtement, je me sens humiliée. J’ai mal calculé, je serai quand même en over stay de 4 jours, soit 1 200 000rp à payer au départ ! Juillet ao​ût, 31 jours. Va t’asseoir, on t’appellera.
Encore 15mn, tu récupères un bout de papier et tu dois revenir 3 jours après et pas un autre jour ! Pour faire photo et payer 330 000rp normalement ! Ensuite, tu reviendras 3 jours après reprendre ton passeport. Et je devrai quand même aller à Singapour ou payer l’over stay à la fin.
RDV obligatoire 5 jours après pour photo et paiement. Tant pis si tu avais prévu de partir en croisière, raison de l’extension de ton visa dans ce beau pays.

Jeudi 25. ​A nouveau embouteillage et péage. Arrivée à l’accueil, c’est ticket, attente assez courte, paiement : 350 000rp. Tu remets la quittance à un employé qui vérifie et te redonne un numéro d’attente pour photo et empreintes (empreinte ! pour un touriste !). Et l​à,​ l’horreur, j’ai le ticket numéro 155, le numéro affiché​, en cours, est le 65. A raison de 2mn par personne, je calcule près de 3 heures. Je suis abattue, sort ma tablette et me mets à lire en attendant et prenant mon mal en patience. L’attente durera 2h40… Ensuite ça va vite : photo​, empreinte et le prochain RDV le mardi suivant pour le passeport.

Mardi 30. ​Embouteillage et péage pour la troisième fois le mardi suivant, soit 9 jours en tout.
Et là, miracle, tu reçois ton passeport en moins de 10mn. Je regrette presque la rapidité, je m’étais mis dans un bon état d’esprit pour attendre encore quelques heures... Coût financier : 440 000rp, à l’arrivée, 350 000rp, pour la prolongation, 6 fois 11 000rp de péage, 66 000rp. Essence, attente, embouteillage. Et au final, pour moi, encore 1 200 000rp pour 4 jours d’over stay. Soit plus de 2 000 000rp ! Si j’avais su... j’aurais pris un AR retour à la journée à Singapour, j’aurais au moins pu faire du shopping dans l’aéroport !

Les mains de Nur

Serge, un lecteur, nous parle avec ferveur de sa passion pour les massages de Nur, sa « physiothérapeute un peu magicienne »…

Bonjour, de retour à Bali, j’ai envie de parler de Nur. « Les mains de Nur ». Les mains de Nur volètent au dessus de mon dos, de la tête aux pieds. C’est la prière de Nur. Puis elle enfonce le pouce dans la plante de mon pied droit, Oh, ça fait mal. Nur me dit : « D’après ton pied droit, ton rein gauche est enflammé. Tu dois boire plus. » Enfin, Nur commence à masser ma jambe droite, du pied jusqu’à la fesse. Ses mains déposent un peu d’huile et me massent en profondeur. Nur me masse, me caresse, me triture, me fait mal mais me fait du bien. Nur reprend la même routine sur la jambe gauche, et là, j’attends, je vais souffrir, je le sais. Et oui, quand elle a fini les deux jambes, Nur s’attaque à mon dos, des fesses au cou. Après avoir déposé un peu d’huile et massé mon dos traditionnellement quelques minutes, Nur enfonce son coude au creux de mon dos de tout son poids et le promène ce coude, des fesses au cou. Et là, ça fait mal, je serre les dents et commence à compter : dix, vingt, trente secondes avant que ça s’arrête. Mon Dieu que c’est bon quand, me faisant me retourner sur le dos, elle demande : « Comment te sens tu ? » Nur me masse maintenant le ventre, les bras, les mains. J’ai l’impression de me faire laver comme un bébé. Les mains de Nur étaient du granit. Elles deviennent du velours, mieux encore, sont chaudes comme du pain. Enfin, Nur masse mon crâne, mon front, mes joues, puis immobilise ses mains sur mon visage. Et, pendant une minute, je m’endors, soulagé de mes douleurs, reposé et l’esprit en paix. Les mains de Nur volètent de nouveau au dessus de moi. C’est la prière de fin de massage de Nur. Nur est ma masseuse. Elle est physiothérapeute et un peu magicienne. Je la paie dix euros pour une heure.


Serge

Sur les restaurants de plage de Jimbaran

Un lecteur n’a pas du tout apprécié un article de la page culinaire d’août dans laquelle nous affirmons que les restaurants de plage de Jimbaran et Kedonganan sont malheureusement devenus aujourd’hui des « arnaques à touristes »…

Bonjour, je suis vraiment attristé de lire l’article sur les restaurants de Jimbaran. J’aurais pu comprendre (quoique) un tel article sur le site de Trip Advisor mais pas dans la Gazette, provenant de personnes résidant depuis longtemps à Bali. Cette généralisation est inadmissible. Un journaliste ne doit-il pas vérifier l’info avant de l’écrire et surtout de la publier ? Il y a 3 lieux de cafés sur la plage de Jimbaran et vous le savez sans doute parfaitement. De quel endroit parlez-vous ? Je peux vous faire diner sur cette même plage sans aucune des critiques que vous mentionnez.
Le titre de l’article est ignoble. Pour en finir avec quoi ? Ne mettez pas tout le monde dans le même panier, faites correctement votre métier. Pour en finir avec le journalisme non professionnel ?


Bernard

La réponse de la rédaction…

Cher Bernard, je vous sais un fidèle lecteur de la Gazette depuis ses débuts et je suis bien désolé de vous attrister. Mais oui, je persiste et signe, je porte un jugement très critique sur les établissements de plage qui s’étendent de Jimbaran à Kedonganan et c’est mon métier que d’analyser, décortiquer, comparer, synthétiser, mettre en perspective et critiquer - sans parti pris -, et pas que dans le domaine culinaire. Oui, je fais un amalgame parce que je compile depuis des années les expériences de mon entourage sur ce lieu et les miennes propres quand il m’arrive d’y aller, pas plus d’une fois par an, en changeant à chaque fois d’établissement et avec le faible d’espoir d’en trouver enfin un dans lequel je pourrai bien manger et si possible avec un rapport qualité/prix honnête. J’ai toujours fait extrêmement attention à ne pas porter atteinte à toutes les combines liées à l’industrie touristique à Bali mais là franchement, je réitère ma généralité de café du commerce sur les restos de plage de Jimbaran malgré les milliers de personnes qui y défilent chaque jour. Et c’est d’autant plus frappant qu’à Bali, s’offre à nous un immense choix de restos, pour toutes les bourses et tous les goûts, avec une grande majorité de gens sérieux qui prennent leur métier à cœur, qu’ils soient propriétaires de petits warung ou de grands restaurants cotés. Nous avons le choix, profitons-en, la restauration à Bali ne se réduit pas à ces restos à touristes ! A propos de cette zone de Jimbaran, je voudrais mentionner le chef suisse Heinz Von Holzen qui anime depuis près de 20 ans un cours de cuisine balinaise admirable et qui prend un malin plaisir à emmener ses élèves d’un jour en visite éclair dans le marché de poissons de Kedonganan à la recherche du « dernier poisson frais de Bali » mais je n’en dirai pas plus !
Si vous vous rappelez de la Gazette du mois d’avril 2014 et de mon article intitulé « Tripadvisor, pas si avisé que ça ! », vous aurez du mal à nous comparer à cet instrument déloyal qui porte au pinacle, grâce à son algorithme totalement tronqué, des restaurants insignifiants qui ont juste acheté une vingtaine de critiques ou ont demandé à leurs amis de leur poster des critiques 5 étoiles au détriment d’établissements qui ont pignon sur rue depuis longtemps et totalisent des milliers de critiques…
Pour revenir aux restos de la plage de Jimbaran, j’émettrai quand même un bémol en admettant que la qualité s’est dégradée au fil des ans, sans doute en raison de la  concurrence, il me semble que c’était meilleur il y a une dizaine d’années et que le rapport qualité-prix était plus raisonnable. La course aux commissions nuit gravement à la qualité des prestations et des activités et c’est valable dans le monde entier. Ne soyons pas naïfs, ne défendons pas des gens qui n’ont aucun respect pour leurs clients sous prétexte qu’ils sont du cru et félicitons-nous bien plutôt qu’un journal ait le courage de le mentionner.

Socrate Georgiades

La France mauvaise mère mais bonne marâtre

Sous le titre « La France mauvaise mère mais bonne marâtre », ce lecteur, habitué de la page Forum, nous fait part de son indignation devant les propos des pouvoirs publics après l’attentat de Nice et affirme se sentir plus en sécurité en Indonésie qu’en France…


Mon père ancien magistrat, pupille de la nation, mon grand-père étant mort sur le champ d’honneur pour la patrie et le drapeau tricolore, j’entendais ma grand-mère me dire : « N’oublie jamais que la France est une mauvaise mère mais une bonne marâtre. »
Après l’horreur qui a frappé nos concitoyens à Nice, je me questionne et je repense à cette phrase pleine de bon sens. Je suis très en colère contre l’immobilisme et l’incompétence de l’ensemble de la classe politique française et de nos dirigeants. Mais pourquoi le peuple, les citoyens français ne se révoltent-ils pas (plus) contre un gouvernement qui ne sait pas les protéger ?
Pourquoi les grands-parents, les parents, les enfants, les petits-enfants, les amis, après la stupeur et la souffrance d’avoir perdu des proches et qui pleurent aujourd’hui leurs morts et leurs blessés encore une fois, peuvent-ils entendre et accepter de nos hommes politique qui se doivent de nous défendre : « Eh bien oui, c’est le terrorisme, nous sommes en guerre et il faut s’attendre à avoir d’autres attentats. »
Parallèle que je fais avec mon statut d’expatrié, vivant à Bali depuis 23 ans, (citoyen français), où moi-même, commandant de réserve, fils de magistrat, je me vois refuser par 3 fois l’ouverture d’un compte en banque en France (qui est un droit constitutionnel) avec la seule et unique excuse que je réside en Indonésie, pays à risque !?!?
La France est-elle un pays sans risque, je l’ignorais : 5 attentats en moins de 18 mois et plus de 250 morts !
La France avec un gouvernement qui permet l’ouverture aux bourses scolaires à l’étranger mais qui pour des raisons non argumentées ne les concèdent pratiquement jamais. Faut-il bénéficier de copinage pour y accéder ?
La France dont le président à l’arrogance de se justifier sur un salaire de plus de 9000 euros mensuels donné à son coiffeur privé, alors que les Français souffrent du chômage et d’une crise économique majeure avec une perte du pouvoir d’achat sans précédent ?
Et pire, la vie de nos hommes politiques a-t-elle plus de valeur, qu’un citoyen lambda ?
Françaises, Français, ne soyez pas naïfs, bien sûr que oui quand on sait que pour une manifestation contre la loi Myriam El Khomri le service de sécurité était de plus de 2000 policiers gendarmes et militaires alors que sur la promenade des Anglais, qui réunissait plus de 100 000 personnes, le dispositif s’appuyait sur l’engagement de 64 fonctionnaires de la Police Nationale et de 42 de la Police Municipale, déployés sur l’ensemble du périmètre : soit 106 au total !
Cela laisse rêveur concernant la protection que met en place nos gouvernants selon que l’on doit protéger des « Elus du peuple » ou des simples citoyens, dans un contexte où je le rappelle la France est en « état d’urgence ». Ouf, merci de nous rassurer et de nous protéger aussi efficacement !
Alors oui, Mesdames et Messieurs les politiques, instances gouvernementales, je me sens bien plus en sécurité avec ma femme et mes 3 enfants dans un pays dit à risques comme l’Indonésie plutôt que dans mon propre pays où tout n’est qu’usurpation, manipulation, hypocrisie et condescendance.
Mais surtout encore une fois, je ne comprends pas la réaction passive de mes concitoyens et des familles endeuillées qui, incompréhensiblement, ne réagissent pas à un tel misérabilisme de la protection de la classe politique qui se doit de défendre son peuple.
Je pleure comme nous tous nous pleurons nos morts, encore une fois... une fois de plus... et nous n’attendons pas des indemnisations, de l’argent de qui que ce soit (compensation qui me parait tellement irréelle tant elle semble inappropriée à la souffrance des familles endeuillées) mais juste simplement et légitimement que nos décideurs, nos dirigeants, nos gouvernants prennent leurs responsabilités et tiennent leurs engagements politiques et que pour une fois une seule, ils se préoccupent réellement de leur concitoyens.
Aux armes citoyens, formez vos bataillons, marchons, marchons et surtout REVEILLONS-NOUS !

Pierre Porte

suite du courrier sur la difficulté d'obtention du permis de travail après 55 ans


Suite du courrier anonyme du mois dernier sur les difficultés d’obtenir un permis de travail lorsqu’on est un travailleur étranger et sénior en Indonésie…

Mon courrier du mois dernier, à ma grande surprise, souffre d’omissions, par exemple, la conclusion du courrier et une faute de frappe qui retire tout son sens à une phrase. La Gazette aurait-elle besoin de plus d’espace pour sa pub ? Non, heureusement, il n’en est rien. Celle-ci m’accorde le droit de compléter mon article et je l’en remercie.  Elle, au moins, au contraire de bon nombre d’entre nous, ne souffre pas de concurrence notoire.

Je parle d’un « conflit » et non pas d’un « concept » entre le législatif de Jakarta et l’exécutif dans tout l’Archipel. Le premier ministère à être « en ligne » a été celui des impôts. Ce système se généralise assez rapidement. Toute demande administrative traitée en ligne court-circuite les administrations locales de chaque province. Et c’est là où le bât blesse !

Parmi de très nombreux exemples, la non délivrance dans votre dossier immigration de l’IMTA original de l’année dernière, qui se trouve pourtant au Depnaker de Denpasar, peut être sanctionnée à 3,5 millions Rp (négocié à 2,5 millions). Et vous avez de la chance, me dit-on, car à Renon (Denpasar), ce serait presque le double !

Ma foi, en tant qu’étranger, jouons le jeu, vérifions bien notre liste et acceptons que l’exécutif puisse accéder au « panier » comme en ligne sur Internet.

La confirmation de ce fait s’établit aussi dans la réponse du juriste de la Gazette : « au cas par cas ». Un certain « flou » persiste cependant au sujet de la maturité et l’expiration des 5 ans de validité de l’Imta (permis de travail) et Kitas (permis de séjour).

Si ceux-ci expirent à 64 ans, va-t’on vous prolonger jusqu’à 69 ans ou 65ans ? Ce sera peut-être jugé « au cas par cas ».

Oui, monsieur le juriste, dans une PT locale (directeur et commissaire indonésiens), nous sommes dans une très grande majorité, entrepreneurs, investisseurs et… salariés. A quand l’âge de devenir patron ? Mais ne nous plaignons pas trop. D’autres pays de l’ASEAN ont des procédures bien plus restrictives que l’Indonésie.

Ouf ! L’accord de principe du BKPM de Jakarta est bien arrivé avec 3 semaines de retard. Les fautes de frappe (décidemment) entre notaire, agent et BKPM en sont responsables. Le marathon peut continuer.

Vu de France, nous passons souvent pour des inconscients et nous pouvons en rire entre nous ici.

Enfin, pour clore ce courrier, cette citation intemporelle et globale de Paul Valery : « Que de choses à ignorer pour pouvoir agir ». Ayo, maju !

De la difficulté d'obtenir un permis de travail au dessus de 55 ans

Une personne qui souhaite rester anonyme nous fait part de ses difficultés à obtenir un permis de travail à un âge où elle est ici considérée comme retraitée…

Nous les vieux ? Les retraités (inconscients) à la besogne ? Certes, heureusement nos amis nous disent que nous faisons plus jeune(s) que notre âge. Malheureusement, le verdict irrévocable de l’immigration nous fait sentir notre âge. Avec ma compagne, nous travaillons pour une PT locale et non pas une PMA. Celle-ci, 65 ans comme nombre d’entre nous, se fait refuser l’IMTA (permis de travail ou Ijin Menetap Tenaga Asing) pour l’an et n’obtient que 6 mois après les délais insoutenables. Raison ? Âge : autour de 65 ans et aucune autre précision. Tous ceux avec cet IMTA inclus dans le permis de séjour, les 2 termes sont souvent confondus dans notre communauté, savent très bien que votre passeport ne vous appartient plus pendant 6 mois. Mieux vaut ne pas avoir d’urgence pour quitter le pays. De plus, nos vieilles photocopies erronées valables depuis 25 ans sont maintenant révolues. Il nous faut actuellement produire les documents originaux, le tout en plus mémorisé dans une clé USB.  Bon, pourquoi pas ? C’est la mondialisation. Malheur à celui dont les parents ou membres de la famille ne retrouvent pas le diplôme original. Certes, l’éducation nationale pourrait le retrouver (si vous avez un ?), mais il va falloir avoir les nerfs solides pour ne plus être présent sur les lieux de travail pendant un certain temps. Et surtout que votre agent ne perde pas un document original. Il vous en coutera très cher même si le document se trouve dans les archives.

Deuxième épisode, il faut maintenant prolonger les 6 mois. Hic ! Le capital enregistré de notre PT locale n’est que de 650 millions IDR et il faudrait l’augmenter, apparemment capital minimum à 2,5 milliards d’IDR pour pouvoir prolonger. La situation très subjective de chacun vous amène à choisir votre destin. Dans l’obligation et parce que nous aimons ce pays depuis tant d’années nous choisissons donc, comme beaucoup de vieux de continuer à travailler. Les experts dans l’assurance vie (actuary science) et Dieu, si vous y croyiez, ne prédiront jamais votre départ pour (vers) le céleste, ni votre état de santé. Le but de ce courrier n’est pas d’entretenir une polémique entre le concept existant entre le corps législatif de Jakarta et exécutif dans toute l’Indonésie. Nous avons donc choisi de former une PMA (Modal Penanaman Asing), investir et avoir enfin, je l’espère le droit de travailler. Le président de la république semble avoir déclaré qu’il donnait 3 jours (non, pas 3 heures) au BKMP de Jakarta pour donner son accord de principe sur votre compagnie. Mais voila, les dossiers s’empilent, votre notaire n’obtiendra peut-être pas votre numéro en liste d’attente. Même les agents les plus sérieux ne peuvent s’avancer sur un délai d’un mois, 6 semaines, siapa tau ?

La bonne nouvelle dans tout cela est que la concurrence ne sera pas prête à affronter le marathon administratif, contraintes budgétaires, morales, etc. Une parenthèse. Il vous faut fournir impérativement une adresse de vos locaux bien sûr, pour cet accord de principe. Mieux vaut avoir sécurisé un bail emphytéotique et croiser les doigts pour que cet accord soit accepté.

La réponse du journal...
Merci pour votre courrier qui nous donne l’occasion de faire le point sur les permis de travail pour les plus de 50 ans. Les autorités ont limité la délivrance d’un nouveau permis de travail ces derniers temps à des salariés dont l’âge est compris entre 25 et 50 ans (auparavant de 20 à 55 ans). Il semblerait que si vous avez plus de 50 ans, on puisse quand même obtenir un permis de travail pour 6 mois, les dossiers sont étudiés au cas par cas, à voir avec votre agent. Pour les salariés qui atteignent 50 ans et jusqu’à 65 ans, les autorités renouvellent le permis de travail sans trop de  difficulté. Au-delà de 65 ans, il semble qu’on ne puisse plus renouveler son permis de travail en tant que salarié, il faut alors créer sa propre PMA et être inscrit sur les actes de la société pour avoir le droit de prétendre à obtenir un permis de travail, ce qui est le cas de notre lecteur.

Au sujet de la mort d'Amokrane Sabet

Une analyse de la rédaction sur l’affaire Amokrane Sabet en préambule de vos nombreuses réactions sur la page Facebook du journal…

Nous avons été sollicités par plusieurs de nos lecteurs pour enquêter sur l’enchainement de faits qui a conduit à la mort de l’officier de police A.A Putu Sudiarta et du Franco-algérien Amokrane Sabet lors de son arrestation le 2 mai dernier. Nous voudrions présenter une fois encore toutes nos condoléances à la famille du brigadier balinais qui a perdu la vie et laissé derrière lui une famille avec deux enfants.

L’affaire est très sensible parce qu’elle suscite beaucoup d’interrogations. Et pour ceux de nos lecteurs qui ne sont que de passage ici, rappelons au préalable quelques données : les droits humains ne sont pas très respectés en Indonésie, ni ceux des minorités ethniques, religieuses, sexuelles, ni ceux des fous qu’on enchaine dans les arrière-cours, ni ceux des voleurs de mobylettes à qui on tire dans les jambes et même les droits des consommateurs (rappelons-nous cette jeune maman qui se plaignait sur les réseaux sociaux d’un hôpital où elle avait été mal soignée, elle s’était retrouvée en prison pour diffamation) ; les Indonésiens ont horreur du désordre social et montrent une tolérance zéro pour la délinquance ; la liberté de la presse n’est pas aussi étendue qu’en Occident (un journaliste qui avait enquêté sur un scandale de corruption à Bali qui touchait au frère d’un bupati s’était retrouvé avec une balle dans la tête il y a 10 ans) ; et enfin, rappelons que nous sommes étrangers ici, tolérés, et que nos hôtes sont prêts à entendre certaines vérités de leurs pairs mais pas de notre part.

Ceci étant posé, par éthique journalistique, nous ne pouvions pas écrire un article sur l’affaire Amokrane Sabet parce que nous n’avons pas accès à des sources fiables. En revanche, nous nous autorisons ce long préambule aux échanges qui ont eu lieu sur notre page Facebook et qui témoignent bien que cette affaire nous a tous touchés au plus profond de nos peurs et de nos convictions.

Grâce à une personne qui a bien voulu témoigner incognito, voici les éléments que nous pouvons avancer, sans faire de victimisation, pour éclairer un peu mieux la personnalité de celui que certains surnommaient le « fou du village ».

Amokrane Sabet est arrivé il y a environ trois ans à Bali en provenance de Londres où il s’était fait un nom dans la pratique du MMA (Mixed Martial Arts) puis avait possédé un pub. Il est né en France, de double nationalité algérienne et française et est parti assez jeune s’expatrier en Angleterre. Il semble avoir été très affecté par la mort de son père en 2007 et lors de son arrivée à Bali, il a confié à notre témoin que tout ce qu’il faisait lui était dicté par son père. Il parlait déjà beaucoup de dieu. Petit à petit à Bali, il s’est transformé. Sa voix a changé de timbre (était-ce lié à la prise de stéroïdes pour le culturisme?), il s’est fait tatouer partout sur le corps, y compris un éclair qui lui barrait l’œil et s’est enfoncé petit à petit dans la folie en prétendant souvent qu’il était Jésus Christ. Il terrorisait tout le monde à Canggu et à Seminyak au point que les clients évitaient les endroits où il avait des passages réguliers, il menaçait les gens, les insultait et s’est fait éjecter de toutes les salles de sport où il continuait à s’entrainer. Il a fait l’objet d’un article dans un journal balinais peu de temps avant sa mort pour avoir proposé à un touriste de lui emprunter sa femme… Tous les amis qu’il avait pu se faire ici se sont écartés de lui au fur et à mesure, il vivait seul et personne n’a pu l’aider à suivre un traitement psychiatrique ou même à être interné. Dans les vidéos amateurs qui ont circulé sur Internet quelques minutes après sa mort, on l’entend clairement dire « Kill me, kill me, I’m god ! »

Il est bien clair que cette personne aurait dû faire l’objet d’une hospitalisation sans consentement mais l’organisation de la prise en charge psychiatrique à Bali (cf. La Gazette de Bali n°59 – avril 2010) est déficiente. Peut-on rendre responsable les autorités balinaises de ne pas interner les résidents étrangers ? Pourquoi les autorités françaises n’ont-elles pas répondu aux sollicitations des autorités balinaises comme la presse locale l’a indiqué ? Est-ce du ressort et du pouvoir des ambassades de mettre tout en œuvre pour empêcher un de leurs ressortissants de semer le désordre ?

Hormis ces quelques questions, il y en a d’autres qu’il est légitime de se poser à la lecture des vidéo qu’on a pu voir sur Internet :
Pourquoi avoir envoyé autant de forces de l’ordre pour arrêter un seul homme ?
Pourquoi ne pas l’avoir simplement neutralisé avec un Taser ou au pire en lui tirant dans les jambes ?
Pourquoi a-t-on entendu une quinzaine de coups de feu alors qu’il n’avait qu’un couteau à la main ?
Pourquoi est-il mort à 80m de l’endroit où la police est venue l’arrêter ?
Pourquoi a-t-on tiré sur lui alors qu’il était déjà agonisant au sol ?
Pourquoi porte-il des chaines aux chevilles quand on glisse sa dépouille dans l’ambulance ?
Pourquoi le résultat de l’autopsie atteste qu’il est mort des suites de coups de couteau qu’il se serait porté au cou ?

Toute la Beauté du Monde de Marc Esposito

Le cinéaste et romancier Marc Esposito, qui vit à Bali et que nous avons déjà interviewé (cf. La Gazette de Bali n°14 – juillet 2006) à l’occasion de la sortie de son film tourné à Bali « Toute la beauté du monde », nous fait cette remarque sur un papier que nous avons publié sur la programmation de deux de ses films au restaurant-cinéma BlackBeach d’Ubud et au sujet desquels nous avons omis de mentionner son nom…

Bonjour, Je suis un fidèle lecteur de la Gazette, mais là, je suis déçu, et irrité. Je viens de lire un papier de la Gazette « Cinéma tous les jeudis soirs à Blackbeach », et c’est pour le moins choquant dans un long papier-programme de ce genre, que les noms des réalisateurs des films projetés ne soient jamais cités, et d’autant plus choquant que deux sur quatre sont réalisés par un mec qui passe six mois par an à Bali, ma pomme, et que ce paramètre est probablement pour quelque chose dans le choix des programmateurs. Et si c’est un hasard, n’était-ce pas le rôle de La gazette de Bali de le signaler ? Amicalement.


ME

La réponse de la rédaction…
Salut Marc,  Nous sommes infiniment désolés de cette bévue dans l’agenda culturel. La propriété intellectuelle a un sens pour nous, nous sommes aussi des auteurs. Et si nous t’avions interviewé à la sortie de ton film sur Bali plutôt que tes acteurs, c’est parce que nous avons pleinement conscience qu’un réalisateur est bien la pierre angulaire du long cheminement qui mène jusqu’à la sortie d’un film en salle. Maigre consolation, ton nom figurait tout de même sur l’article en question puisque c’est l’affiche de ton film qui illustrait la brève rédigée par notre stagiaire Arthur. Bien amicalement.

Socrate Georgiades

Mais où est passé le poisson d'avril ?

Notre ancien contributeur Rainer, « Ze billettiste séminal » de la Gazette de Bali, « Ze père spirituel » de tous les chroniqueurs qui sont passés dans ces pages, s’étonne que nous n’ayons point commis de poisson d’avril cette année. En conséquence, il en a vu partout…

Bonjour l’équipe LGdB, malgré une lecture attentive de la dernière édition de La Gazette de Bali, je n’y ai pas pu déterminer avec certitude le poisson d’avril habituel (mon cynisme me fait soupçonner un sur presque chaque page). J’ai finalement été gagné par la conviction que c’est l’ensemble des quatre courriers de lecteurs qui en ont fait l’office : entre un amoureux de David Bowie qui veut changer les membres de la rédaction en nécrologues, une ancienne billettiste qui ne digère pas que sa successeur ait un point de vue différent du sien, une vacancière ingénue qui s’est fait grugée par les taxis  (Ah ma pauvre, et t’as encore rien vu !) et un ex-habitant de l’île qui ne voit pas les prix s’envoler… avouez qu’un poisson-clown chasse l’autre. Pour pimenter un peu le débat, je vous transmets quelques réflexions personnelles sous la forme de l’article ci-dessous que je vous propose de publier dans la même rubrique. Cordialement.


Rainer

Voici donc le texte de sa majesté Rainer…
Eh ben mon colon ! Parmi les innombrables lecteurs du Petit Prince, peu nombreux sont ceux qui se souviennent que Saint-Exupéry avait dédié ce conte à son meilleur ami, Léon Werth. Plus rares encore sont ceux qui connaissent cet écrivain haut en couleur, un personnage si extraordinaire qu’il méritait le qualificatif « meilleur ami » de la part de l’auteur du Petit Prince.

Léon Werth était un romancier, chroniqueur, critique d’art, anticonformiste et antimilitariste que ses biographes qualifient comme insoumis et libertaire. Ce qui est certain, c’est que la plume de cet anticolonialiste convaincu était assez caustique pour le rendre infréquentable dans les milieux conformistes : dans la France des années 1920, l’anticolonialisme était un concept foncièrement à contre-courant. Voici un extrait du pamphlet rageur que Werth écrivit en 1926 sur la bêtise de la gent coloniale après un voyage en Cochinchine :

« L’Européen d’ici est sans mystère, facile à lire. Mais il n’a plus rien d’européen. […] C’est que tous […] ayant connu en Europe la contrainte sociale ou la discipline, sont devenus en Asie des potentats. Voici, privés de contrainte extérieure, des hommes qui n’en connaissent point d’autre. Ils sont aussi les victimes d’un formidable décalage social. Ils subissent l’ivresse du nouveau riche à un degré qui n’est point imaginable en Europe. Car ils n’ont pas seulement cette puissance que donne l’argent. Ils ont la puissance. La couleur de leur peau et la saillie de leur nez leur confèrent une immédiate royauté. […] Leur grossièreté est intolérable. »

Comme les choses ont changé ! Aujourd’hui, 90 ans plus tard, l’expatrié européen installé en Asie du Sud-Est n’est pas un colon et n’a plus rien d’un potentat. Au lieu de soumettre les indigènes de jadis, il subit piteusement l’attitude raciste des autochtones et se voit confronté à une législation profondément xénophobe.

La puissance que lui donnait l’argent s’est effritée depuis que les fils d’un peuple « plus si arriéré que ça » ont compris comment traire jusqu’à l’excès vaches, bœufs, vachères et vachers venus d’un Occident opulent qui suscite la convoitise.

Même son nez aquilin ne lui procure plus la moindre élévation royale depuis que les dames de la bourgeoisie locale se font affiner leurs pifs camus mieux que les toubibs-balafreurs de Michael Jackson ne l’eussent jamais réussis.

Enfin, l’expat actuel ne se permet plus un comportement grossier envers son entourage, car il a été éduqué selon les concepts démocratiques de son pays natal hautement développé. Il a donc intégré l’égalitarisme qui veut que tous les êtres se valent, même le dernier des ressortissants d’un pays sous-développé.

Peut être est-ce aussi un peu grâce aux observations lucides des Léon Werth et aux réflexions sur la valeur de l’amitié du Petit Prince que le 3e millénaire n’est plus colonialiste et le respect d’autrui s’est généralisé !

Ou est-ce que je me trompe ?

Rainer

Fouille au corps dégradante à l'aéroport Ngurah Rai de Denpasar

Une mésaventure de plus expérimentée à l’aéroport Ngurah Rai, cette fois une fouille au corps dégradante, à l’initiative d’un seul policier, sans témoin…

Bonjour, je viens à Bali régulièrement. Je suis venu le 1er avril par le vol de 18h20 Malaysia Airlines : MR Michel Emile Henri Genay Flight BKK-KUL-DPS Ticket n° 2322436757989. Cette année, j’ai le plaisir d’économiser 35$ ainsi que beaucoup de temps pour le visa. Tout s’est bien passé jusqu’après le contrôle des bagages, avant de sortir de l’aéroport. Rien n’avait été signalé dans mes bagages. Un agent se tenant à 10m après les scanners m’a demandé de voir mes bagages. Jusque-là tout est normal. Il était seul. Ça a commencé par le contrôle complet détaillé de l’ensemble de mes deux bagages : un sac à dos vieux de 15 ans et mon sac ordinateur, caméra, neuf. Ensuite, il m’a demandé de le suivre dans une salle et ensuite dans une autre pièce adjacente. Il m’a demandé d’enlever le haut, ensuite de baisser le slip, de me pencher, je suppose pour rechercher de la drogue... Le fait qu’il soit seul pour cette opération, et que ses méthodes ne peuvent être efficace, d’autres pays utilisent des chiens ou une radiographie, Je pense qu’il y avait dans cette inspection, de la xénophobie, une attitude à vouloir abaisser l’autre, le blesser. J’ai été très conciliant et il m’a enfin rendu mon passeport. Je rapporte ces faits car ce policier doit sans doute reproduire cette inspection. Pour moi, c’est passé. Je me souviens de la réflexion d’un voyageur sur le vol Bangkok – Kuala Lumpur avec qui j’ai parlé, il m’a confié ne plus vouloir aller à Bali. Je pense que le comportement de ce policier va à l’encontre de l’ouverture vers plus de tourisme matérialisée par 30 jours de visa gratuit. A vous de voir s’il est important de remonter l’information dans les milieux officiels indonésiens. Cordialement. 


Michel Genay

motard dans la cendre

motard dans la cendre
merapi novembre 2010

face sud du merapi

face sud du merapi
paysage de désolation après le passage des lahar